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Roger Federer prend sa retraite: une légende en 6 dates

De sa victoire contre Sampras à Wimbledon en 2001 à son ultime titre du Grand Chelem, dix-sept ans plus tard, une carrière en instantanés.
Roger Federer à Wimbledon en 2003. (ODD ANDERSEN/AFP)
publié le 16 septembre 2022 à 7h36

2003, premier titre du Grand Chelem

Deux ans après avoir provoqué un tremblement de gazon en battant le maître Sampras sur le gazon de Wimbledon en 8e de finale, se révélant au monde du tennis, Roger Federer remporte le premier de ses vingt titres du Grand Chelem en battant en finale l’Australien Mark Philippoussis. Il remportera les quatre éditions suivantes du tournoi londonien. C’est l’amorce d’un apogée qui se consolide à partir de 2004. Cette année-là, puis en 2006 et 2007, remporte trois tournois du Grand Chelem (Open d’Australie, Wimbledon, US Open), mais échoue toujours à Roland-Garros. La faute à un certain Rafael Nadal.


2009, première victoire à Roland-Garros

L’année précédente s’est produit ce que seuls les federolâtres jugeaient insensé : leur héros s’est incliné en finale de Wimbledon contre Nadal au terme d’un match d’anthologie et a cédé la place de n°1 mondial à l’Espagnol. Rafa s’est imposé sur la surface de prédilection de Rodge et on n’imagine pas que l’inverse puisse se produire. A Roland-Garros, le Suisse a perdu se fait sèchement corriger par l’Espagnol en demi-finale en 2006, 2007 et 2008. Aucune raison que le scénario déraille en 2009. Pourtant, ce que Federer n’a pas réussi à faire, battre l’Espagnol à Roland-Garros, un Suédois inconnu le fait, Robin Soederling, que Federer exécute en finale. Le Suisse a pourtant frôlé le vide aux tours précédents : une balle de match sauvée contre Tommy Haas, un handicap de deux sets remonté contre Juan Martin Del Potro en demi. Il a désormais remporté au moins une fois, les quatre tournois du Grand Chelem.


2009, recordman des victoires en Grand Chelem

Avec sa victoire à Roland-Garros, en juin, Federer est entré dans l’antichambre de l’histoire du tennis. En juillet, il en force la porte derrière laquelle Andy Roddick s’arc-boute longtemps pour l’empêcher d’y entrer de plain-pied. Il faut cinq sets, dont le dernier conclu sur le score record de 16-14 pour s’imposer en finale de Wimbledon. C’est sa 15e victoire en Grand Chelem, record de Pete Sampras battu.


2014, enfin la Coupe Davis

La Coupe Davis a ceci de particulier qu’elle propose une confrontation par équipes dans un sport individuel et que toute prestigieuse qu’elle ait été, les stars la désertent régulièrement. Sa finale n’intéresse en gros que dans les pays concernés. Pourtant, celle de 2014 devient un événement parce que sa majesté Federer a décidé de la conquérir pour ripoliner son palmarès. Les choses ne se présentent pas au mieux avant la rencontre contre les Français à Lille. Le dimanche précédent, son coéquipier, Stanislas Wawrinka s’est embrouillée avec madame Federer alors les deux hommes disputaient la finale du Masters. Et Federer débarque dans le Nord malade à tel point que son éventuel forfait agite le monde du tennis. Il perd son premier match contre Monfils, mais gagne en double avec Wawrinka et fesse Richard Gasquet pour apporter le point décisif à la France.


2017, retour gagnant à Melbourne

Après six mois d’absence pour cause de blessure, celui dont le dernier titre en Grand Chelem remonte à Wimbledon 2012, débarque à Melbourne dans la peau d’un outsider comme les autres. l’inconnu. Sauf que Roger Federer qui connaît parfaitement son corps et sait l’entretenir à merveille n’a pas chômé pendant son semestre loin des courts. Il a bossé, bossé, bossé. Physiquement, techniquement, tactiquement. Il a notamment un revers tout neuf. En finale, Federer retrouve Nadal, également de retour de blessure. Une affiche qu’on n’avait pas vue depuis Roland-Garros en 2011 en finale d’un tournoi du Grand Chelem. Le Suisse s’impose en cinq manches (6-4, 3-6, 6-1, 3-6, 6-3). Six mois plus tard il traverse Wimbledon en mode destructeur : il s’impose sans perdre un set «Ce qui se passe cette année, c’est incroyable. Vous auriez ri si je vous avais dit que j’allais gagner deux Majeurs. Mais j’ai beaucoup travaillé pour revenir à ce niveau-là», commente-t-il après ce 19e titre en Grand Chelem conquis contre le Croate Marin Čilić en finale.


Melbourne 2018, vingt d’honneur

Le Croate Marin Čilić aura été l’ultime victime de Federer en finale d’un tournoi du Grand Chelem, à Melbourne en 2018. Un an plus tard, à Wimbledon s’offre une dernière finale d’anthologie dans l’un des quatre tournois majeurs. S’il ne fallait retenir qu’un set de la carrière de Federer, ce pourrait être le dernier de ce match contre Novak Djokovic. A 38 ans, le Suisse réussit à recoller à deux manches partout. Et soudain l’anthologie se dessine : breaké, «Roger» prend le service du Serbe, mène 8-7, 40-15, c’est imperdable pour le Suisse, porté par 99 % des spectateurs. Et pourtant il s’incline. 12-13.

Depuis, Roger Federer n’était plus qu’un intermittent du spectacle, notamment à cause d’un genou qu’il aura passé ces deux dernières années à tenter de soigner. Cette année à Wimbledon, à l’occasion du centenaire du Center Court, en costume, il a ravivé les fantasmes de ses fans en annonçant qu’il espère fouler le gazon qui l’a fait roi l’an prochain. Y croyait-il vraiment ? Pas sûr.

Roger Federer se retire avec un palmarès de 103 titres, dont 20 en Grand Chelem, entre 2001 et 2019. Au-delà des chiffres, le Suisse a incarné son sport jusqu’au bout de sa carrière – et sans doute continuera de le faire - comme une petite poignée de champions dans d’autres disciplines. Est-il le Goat (greatest of all times), alors qu’il a plus souvent perdu que gagné contre Djokovic et Nadal qui ont gagné plus de tournois du Grand Chelem que lui (respectivement 21 et 22). En juin à l’occasion de Roland-Garros, l’ex-joueur suédois Mats Wilander, répondait à la question de la manière la plus intelligente qui soit : «Le tennis, c’est le big 3, et puis c’est tout : peu importe lequel est devant les deux autres. Se poser cette question n’a plus aucun sens. Essayer de les hiérarchiser, je pense même que c’est mauvais pour le tennis. Ce serait comme comparer les Beatles et les Rolling Stones, ou Elton John et John Lennon. Roger Federer est le plus populaire de tous les temps et ça ne changera rien. Il est le plus symbolique et classieux ambassadeur de ce sport. Ensuite, Rafa, Novak, Rafa, Novak… Encore une fois, peu importe.»