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Retraite

Roland-Garros 2024 : défaite au premier tour, Alizé Cornet dit au revoir au tennis

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A 34 ans, la Niçoise a joué ce mardi sur le Philippe Chatrier le dernier match de sa carrière, face à la numéro 8 mondiale Qinwen Zheng (6-2, 6-1).
Alize Cornet après avoir été éliminée par Zheng Qinwen, ce mardi à Paris. (Anne-Christine Poujoulat /AFP)
publié le 28 mai 2024 à 14h50

Pensive dans les travées du Chatrier lundi, en regardant une ultime fois son idole Nadal parader à Roland, Alizé Cornet se projetait-elle déjà sur ce qui l’attendait le lendemain ? Comme Nadal, et pour peu que l’Espagnol ne rempile pas pour une toute dernière cuvée, la Niçoise s’apprêtait à vivre de dernières illusions sur la terre battue parisienne.

Au printemps, celle qui fut numéro 11 mondiale à son zénith tennistique a dit qu’elle remiserait balles et raquettes à l’occasion de la cuvée 2024 de Roland-Garros. «Je sens que j’ai un peu moins à donner en termes d’envie et pour moi c’est le bon moment de dire au revoir au tennis», avait simplement expliqué la Française, redescendue à la 107e place mondiale. Ce mardi 28 mai, Alizé Cornet a refermé la Porte d’Auteuil pour de bon et avec une parenthèse dans le tennis pro longue de vingt ans. Empruntée physiquement, paralysée par l’émotion de la fin qui pointe, la Française a fait long feu au premier tour face à la Chinoise numéro 8 mondiale, Qinwen Zheng (6-2, 6-1).

Celle-là même contre qui la Niçoise avait dû abandonner en 2022 sous la bronca difficilement compréhensible du public parisien. Au vrai, une longue histoire de désamour. «Le public de Roland-Garros n’est pas facile. J’ai eu de grands moments de solitude sur les courts et de grands moments de joie. C’est un peu une relation… Je n’ai pas de mot qui me vient. C’est un public qui est toujours prêt à sauter sur une occasion pour montrer son mécontentement, pour s’exprimer, pour parfois être un peu dans le… J’en perds mes mots !», balbutiait-elle en conférence de presse d’avant-tournoi.

Constance

Ce mardi, tout semblait oublié sur un Philippe-Chatrier certes clairsemé, mais tout acquis à sa cause. Et quoi de plus symbolique qu’un vingtième Roland pour des adieux ? Là où tout a commencé. Quand le public la découvrait en 2005 face à son idole Amélie Mauresmo sur le Lenglen à seulement 15 ans. L’affiche avait des airs de passation de témoin entre une Mauresmo déclinante, et cette jeune effrontée qui semblait peu déstabilisée par la solennité des grands moments.

La suite ne confirmera pas vraiment les espoirs d’alors. Mais quelque part, la trajectoire d’Alizé Cornet raconte un peu de ce qu’a pu être le tennis féminin tricolore ces deux dernières décennies. Souvent bien placée, rarement titrée. Six couronnes en simple quand même, trois en double, une Fed Cup en 2019, et un quart de finale à l’Open d’Australie en 2022, son meilleur parcours dans un Majeur. «J’ai eu d’immenses joies, mais en contrepartie des grosses déceptions, des moments de déprime et je pense que ça a été des montagnes russes finalement pendant 20 ans…», a soufflé la joueuse, autant connue pour sa ténacité sur un court que pour ses accès de colère mémorables, notamment envers ses coachs.

Alizé Cornet, c’est aussi l’éloge de la régularité, en témoigne cette 72ème participation à un tournoi du Grand Chelem, sa 69ème d’affilée. Un record absolu sur le circuit féminin qui dit beaucoup du travail et de l’éthique de vie cultivée de la Française. Une assiduité dans la performance, qui n’a laissé que peu de place aux coups d’éclat. Il y en a eu quelques-uns, lorsqu’elle a eu raison de Serena Williams au 3e tour de Wimbledon 2014. Au même endroit mais en 2022, ce fut elle qui mit brusquement fin à l’incroyable série de 37 matchs d’invincibilité de l’actuelle numéro 1 du circuit, Iga Swiatek. Deux générations de joueuses, pour autant d’époques que la Française aura traversées comme elle a pu. Et, de son propre aveu, sans regrets.