La première «deuxième semaine» de Varvara Gracheva aura tourné court. Dans un Suzanne Lenglen à l’ambiance en deux temps, d’abord clairsemé et amorphe, puis rempli et plus bruyant au fur et à mesure de la rencontre, la Française a joué à son niveau face à Mirra Andreeva, sans que cela soit suffisant pour déborder la jeune crack russe, victorieuse (7-5, 6-2) en 1 h 31 de jeu. A 17 ans, la Sibérienne, elle, découvrira pour la première fois les quarts de finale d’un Grand Chelem. Vraisemblablement pas la dernière, au vu du niveau de jeu affiché ce lundi 3 juin sur le court Suzanne Lenglen.
L’avant-match réservait une inconnue : comment Gracheva allait-elle gérer émotionnellement un premier huitième de finale en Majeur, qui plus est avec la pression d’être la dernière représentante tricolore encore en lice ?
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A l’entame, la néo-Française s’est mise en confiance intelligemment, en pilonnant à la limite de l’excès la diagonale revers de son adversaire, qui n’est pas le point fort d’Andreeva. Ça, Gracheva le sait parce qu’elle a côtoyé pendant presque deux ans Andreeva. Malgré leur jeune âge, les comparses sont en effet de vieilles connaissances. Elles se sont entraînées ensemble à l’Elite Tennis center de Cannes, jusqu’à ce qu’Andreeva rejoigne l’académie de Patrick Mouratoglou en cours d’année dernière. «Je sais à quoi m’attendre», avait d’ailleurs rappelé Andreeva après sa tranquille victoire au tour précédent contre l’Américaine Peyton Stearns (6-2, 6-1).
Ce qui vaut pour l’une vaut pour l’autre. De l’autre côté du court, Andreeva s’en est remis à son service, à su rester dans la partie avec des amorties bien senties et grâce à ses qualités de contreuse hors pair.
A l’expérience
On croyait d’abord Gracheva perdue pour le gain du premier set, après un gros trou d’air - 10 points de suite concédés au milieu de la première manche. Puis la Cannoise en a mis un peu plus. Au point de se procurer deux balles de premier set. Mais quand les choses se sont tendues, le bras d’Andreeva est celui qui a le moins tremblé : 4-5, 5-5, 6-5, 7-5. Bien qu’âgée de 7 ans de moins, Andreeva a grapillé l’expérience des rencontres à hauts enjeux, enchaînant plusieurs huitièmes de finale dans des tournois de grand standing, là où Gracheva a manqué de régularité ces derniers mois.
Le début de la seconde manche, un mano a mano entrecoupés de break et débreak longtemps indécis, aurait pu tourner à l’avantage de la Française, qui a parfois essayé de varier. Sur l’année écoulée, elle a enrichi sa palette. A ses traditionnels coups droits frappés, elle y a agrémenté un peu de slice, saupoudré de montées au filet plus tranchantes qu’à l’accoutumée. Sur terre battue, la combinaison peut faire des merveilles. Mais Gracheva ne l’a pas assez fait. Et quand la donne a dû se décider sur quelques points cruciaux, les qualités de défense d’Andreeva ont souvent fait partir Gracheva à la faute.
La prochaine cliente de la Russe, la numéro 2 mondiale Aryna Sabalenka et grande favorite à la victoire finale avec Iga Swiatek, promet d’être au moins aussi redoutable. La rencontre est programmée pour mercredi.