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Roland-Garros 2024 : increvable, Djokovic se hisse en quart après un nouveau marathon de plus de 4 heures

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Au terme d’un nouveau combat épique, de 4 heures et 39 minutes, le numéro 1 mondial vient à bout de l’Argentin Francisco Cerundolo et rallie à nouveau les quarts de finale à Paris.
Le Serbe Novak Djokovic célèbre sa victoire contre l'Argentin Francisco Cerundolo à la fin de leur huitième de finale à Roland-Garros, le 3 juin 2024. (Emmanuel Dunand/AFP)
publié le 3 juin 2024 à 21h35

Un instant, on s’est demandé si Novak Djokovic commençait enfin à faire son âge. Diminué, le Serbe déambulait pendant le second set sur une jambe et demie, à tel point que le Chatrier devait envisager l’abandon comme probable. Au bout du compte, à la fin de cette nouvelle intrigue aux accents chevaleresques, la même implacable réalité a rappelé tout le monde à l’ordre : à 37 ans, le numéro 1 mondial est increvable.

Pour la 18e fois, il se hisse en quart de finale Porte d’Auteuil au terme d’une nouvelle odyssée de 4 h 39 - le plus long match de sa carrière à Roland - à ranger très haut dans la liste de ses prouesses les plus mémorables en Grand Chelem. Car s’il a disposé de Francisco Cerundolo, 23e mondial, il l’a fait vraisemblablement trahi par son corps, sans que l’on sache encore l’origine de la gêne. Est-elle apparue après ce marathon nocturne conclu deux jours plus tôt à une heure pas possible, 3 h 06 du matin, contre Lorenzo Musetti ? Ou s’agit-il des mêmes pépins physiques qui le contraignent à choisir au compte-goutte ses tournois depuis le début de la saison ? Plus fragile cette année, le Serbe ne s’était présenté qu’à cinq tournois avant Paris. C’est très peu, du jamais-vu pour lui. «Dans mon esprit, je me concentre presque uniquement sur les Grands Chelems et, cette année, sur les Jeux Olympiques», avait rassuré sur ce point le Serbe dans la nuit de samedi à dimanche.

«Je veux vraiment marquer l’histoire de ce sport»

Sur son état de forme, ses récentes déclarations ne laissaient rien transparaître. «Je sais ce dont je suis capable dans les Grands Chelems qui me font jouer mon meilleur tennis. Si je joue encore à ce niveau, c’est parce que je veux vraiment marquer l’histoire de ce sport. Il y a toujours cette conviction en moi que je peux en gagner un autre, c’est pour cela que je suis ici, c’est pour ça que je me bats», disait-il encore cette semaine.

Sur le Chatrier, il a démarré son huitième en faisant du Djoko, c’est-à-dire en breakant Francisco Cerundolo sur sa première opportunité avant d’empocher la première manche sans sourciller. Puis la machine s’est grippée. Et cela s’est vu. Au fur et à mesure de la rencontre, le Serbe a convoqué le kiné à plusieurs reprises pour se faire manipuler le genou. Petit à petit, le moindre déplacement semblait devenir un effort harassant. Plus possible d’aller chercher certaines amorties ou d’entreprendre de longs rallyes.

«On se demande encore s’il est à 100 %, pressentait Guy Forget au moment où le Serbe avait encore une totale mainmise sur le match. Il y a bien un jour où ces joueurs-là qui nous font rêver depuis 20 ans vont connaître des petites baisses de régimes, voire pépins physiques, qui vont les empêcher d’aller au bout en cinq sets.»

Pas Djokovic. Le Serbe est définitivement fait d’un autre métal : même à 70-80 %, et sans que l’on sache trop comment, il trouvait quand même le moyen de débreaker son adversaire dans le quatrième set, puis de s’emparer de son service au meilleur des moments à 6-5, et de s’offrir un inconcevable cinquième acte décisif.

Au cours de cet épilogue, il a tout fait ou presque : mine imparable en coup droit, roulé-boulé en bout de course le t-shirt plein de terre, volée en quasi grand écart en finissant à terre à imiter l’avion. Il n’en fallait pas beaucoup plus pour comprendre qu’encore une fois, peu importe le scénario et la manière, il finirait par repartir du Central à bout de souffle certes, mais en souriant.