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Immersion

Roland-Garros 2025 : de la Thaïlande à Paris pour moins d’une heure sur le court, la drôle de vie d’une balle de tennis

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Des semaines passées dans un carton pour un moment de gloire très éphémère, avant, peut-être, d’être recyclée en terrain de sport. «Libé» s’est glissé dans le caoutchouc d’une des 100 512 balles de tennis du Grand Chelem.
Les balles pour Roland-Garros sont spéciales : le feutre est conçu pour que la terre battue ne reste pas trop accrochée et le noyau en caoutchouc est plus dur. (Julien de Rosa/AFP)
publié le 5 juin 2025 à 7h43

Pschiiittt. Le bruit du tube sous pression, les mains des ramasseurs qui me caressent, les spots lumineux qui m’éblouissent, les 15 000 paires d’yeux qui se tournent vers moi. Enfin ! Cela faisait des semaines que j’attendais ça, empilée dans un local obscur, avec tant d’autres, sous les terrains de Roland-Garros. Je me sens toute petite au milieu de l’immense court Philippe-Chatrier. Et un peu spéciale aussi : des dizaines de millions de balles qui sortent chaque année de l’immense usine thaïlandaise de Wilson, c’est moi qu’on a choisie, ce mercredi soir, le temps de quelques jeux, pour accompagner Novak Djokovic et Alexander Zverev.

La vérité, c’est que j’ai un petit truc en plus par rapport aux autres. J’ai été pensée spécialement par des Américains, fabriquée près de Bangkok, en Thaïlande donc (où le salaire minimum dépasse à peine les 200 euros mensuels pour 48 heures par semaine), pour briller ici à Paris. Un pur produit de la mondialisation !

Mon feutre est particulier, conçu pour que la terre battue ne reste pas trop accrochée dans mes poils, que je ne gonfle pas avec l’eau et que je ne m’abîme pas trop vite. Mon noyau en caoutchouc change un peu par rapport à mes fausses