Ils ont investi un petit appartement à deux pas de Roland Garros. Leurs machines sont posées en plein milieu du salon, plusieurs séries de raquettes attendent sur le canapé, sans cordes. Les bobines s’entassent juste à côté, en attendant d’être utilisées par Benoît Mauguin et son collègue. Les deux hommes font partie de la demi-douzaine de cordeurs professionnels – seulement – qui suivent à temps plein quelques grands joueurs sur tous les Grands Chelems et les Masters 1 000. Leur rôle : proposer les meilleurs produits et trouver la tension idéale pour le jeu de leur client, notamment en fonction de la météo. Une manière «d’optimiser leur outil de travail» selon leurs mots, qui devient presque un objet «intime» lorsqu’on l’utilise si souvent. Et d’accompagner les joueurs le plus loin possible dans la compétition.
Benoît Mauguin est tombé dans le cordage il y a quinze ans. Aujourd’hui la barbe est devenue poivre et sel et sa technique plus assurée. «C’est clair qu’il n’y a plus autant de stress qu’aux débuts, mais il y en a toujours un peu», juge celui qui connaît désormais bien les joueurs, dont la plupart lui mettent une ou deux têtes. Quinze ans de carrière où il a vu disparaître une forme de fétichisme qui poussait les athlètes à garder leurs raquettes préférées. «Aujourd’hui, il y a un turnover plus important, l’outil est désacralisé, les cadres sont renouvelés deux ou trois fois par an», explique Benoît Mauguin.
«Un cordeur peut faire perdre un match»
Le cordage, lui, n’a plus connu d