C’est une peinture presque photographique. Vous l’avez peut-être aperçue dans le métro, ou ailleurs. Une vue d’un court du fond, la partie la moins visible de Roland-Garros, à l’ombre du Suzanne-Lenglen. Sur le terrain, un joueur, torse nu, adossé aux gradins en béton, corps minuscule face à l’immensité du stade. Deux écrans montrent une joueuse signant des autographes et un match visiblement en cours. Un immeuble apparaît en arrière-plan, on y voit un appartement dans lequel la télévision retransmet Roland-Garros. A l’étage du dessus, un homme fume à la fenêtre. Au premier, un autre est affalé sur son canapé, happé par son téléphone. Dans le fond, le crépuscule mauve s’estompe sous la voûte étoilée derrière un projecteur. Ambiance Edward Hopper ou David Hockney, même si son auteur s’inspire des peintres flamands, de Jérôme Bosch et d’Instagram.
Cette affiche frappe parce qu’elle semble résumer l’année écoulée. Les badauds chez eux, les sportifs seuls dans les stades. Et ce crépuscule mélancolique comme figuration de notre état d’esprit à tous, depuis plus d’un an à vivre la pandémie. Elle pourrait être en Une du New Yorker. «C’est marrant parce que je n’ai pas pensé une seule seconde au Covid, avoue Jean Claracq, l’artiste qui l’a réalisée. C’était peut-être inconscient.» Lui voulait raconter le Roland-Garro