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Finale de Roland-Garros : Barbora Krejcikova, inconnue avec adresse

Roland-Garros 2024dossier
La Tchèque Barbora Krejcikova s’est imposée ce samedi en finale de Roland-Garros face à la Russe Anastasia Pavlyuchenkova et remporte ainsi son premier titre du Grand Chelem. Elle jouera la finale du double dimanche.
La joueuse tchèque Barbora Krejcikova est venue à bout de la Russe Anastasia Pavlyuchenkova ce samedi en finale de Roland-Garros. (Martin Bureau/AFP)
publié le 12 juin 2021 à 20h03

«Je ne peux pas croire que j’ai gagné un Grand Chelem», lance Barbora Krejcikova, ébahie, sur le court Philippe Chatrier. La joueuse tchèque n’en revenait pas d’être venue à bout de la Russe Anastasia Pavlyuchenkova (6-1, 2-6, 6-4 en 1 h 58). Et pour être honnête, nous non plus. Qui aurait pu imaginer il y a deux semaines qu’une inconnue de 25 ans, n’ayant fait son entrée dans le top 100 qu’en octobre dernier, puisse avoir ses chances de soulever la Coupe Suzanne Lenglen ce samedi ? Et pourtant… La 33e mondiale a réalisé un parcours remarquable sur ce Roland-Garros. Svitolina, Stephens, Gauff, Sakkari… toutes sont passées à la trappe, surprise tant par le jeu atypique de la Tchèque que par sa couverture de terrain exemplaire.

Barbora Krejcikova n’a peut-être pas le jeu le plus flamboyant du circuit féminin, mais son intelligence tactique lui permet de faire déjouer ses adversaires. Anastasia Pavlyuchenkova en a fait les frais en finale. La Tchèque a survolé les débats au premier set, usant autant de l’amortie que de son slice de coup droit parfaitement maîtrisé. Si la Russe a eu une belle réaction dans le deuxième set, mettant un peu de piquant dans une finale jusque-là bien calme, la bataille tant attendue dans le troisième set ne fut que de courte durée. Malgré deux balles de match manquées à 5-3, Barbora Krejcikova a su maîtriser ses émotions pour finir sur son service au jeu suivant.

Titrée en Grand Chelem dans toutes les catégories

«Je suis tellement heureuse ! La clé fut mentale aujourd’hui. J’ai beaucoup parlé avec ma psychologue et je suis soulagée de ne pas avoir paniqué en arrivant sur le court», raconte celle qui jouait ce samedi sa première finale en Majeur. Quelques jours plus tôt, elle avait expliqué avoir été prise d’une crise de panique avant son huitième de finale face à Sloane Stephens. Pétrifiée, la Tchèque avait fondu en larme une demi-heure avant son entrée sur le terrain. Ce qui ne l’a pas empêché d’infliger dans la foulée une leçon à son adversaire (6 /0 6/2).

Impressionnante de sérénité dans les moments importants depuis le début de la quinzaine, Barbora Krejcikova a une nouvelle fois prouvé ce samedi qu’elle était capable de tenir sous la pression. Peut-être est-ce grâce à sa série de 11 victoires d’affilée (12 désormais), entamée juste avant de poser ses valises à Paris grâce à son premier titre en simple à Strasbourg. Ou alors est-ce dû à l’expérience accumulée en double sur les plus grands courts du monde. Car si la jeune femme soulève à Roland-Garros le premier trophée du Grand Chelem de sa carrière en simple, elle en a déjà remporté cinq en double (Roland-Garros et Wimbledon en 2018 en double et l’Open d’Australie 2019, 2020 et 2021 en double mixte). «Je me disais que ce serait pas mal de gagner des Grand Chelem dans toutes les catégories, explique-t-elle en toute simplicité. Et aujourd’hui j’ai réussi, c’est un rêve qui devient réalité.»

Lors de la cérémonie des récompenses, la Tchèque n’a pas manqué de rendre hommage à celle qui l’a autrefois inspirée et entraînée : sa compatriote Jana Novotna. L’ex-numéro 2 mondiale dans les années 90 est décédée d’un cancer en 2017 à 49 ans. Nul doute qu’elle aurait été fière de sa protégée. Grâce à son titre Porte d’Auteuil, Barbora Krejcikova sera classée dès lundi au 15e rang mondial, le meilleur classement de sa carrière. Mais la Tchèque n’a pas tout à fait terminé de marquer les terres parisiennes de son empreinte. Dimanche, elle jouera la finale du double au côté de sa compatriote Katerina Siniakova, et pourrait tout à fait égaler l’exploit de Mary Pierce en 2000, à savoir gagner sur les deux tableaux.