Il a suffi d’un mail de trois lignes, envoyé par la Fédération française de tennis (FFT) à 16 h 48 ce mardi 4 juin, pour qu’un frisson parcoure la salle de presse de Roland-Garros. L’objet du courriel en question : «INFORMATION ROLAND-GARROS - Novak Djokovic déclare forfait.» «En raison d’une lésion du ménisque médial du genou droit (décelée à la suite d’une IRM réalisée aujourd’hui), Novak Djokovic, qui devait affronter Casper Ruud en quart de finale demain, doit déclarer forfait pour le tournoi de Roland-Garros», explique simplement la fédé, mettant fin à 24 heures d’interrogation sur l’état de santé du joueur le plus titré de l’histoire du tennis.

Depuis son match de la veille, le forfait du tenant du titre planait sur le Grand Chelem parisien. Durant son huitième de finale face à l’Argentin Francisco Cerúndolo, on avait vu Novak Djokovic touché physiquement comme rarement auparavant. Sur le court, le Serbe avait longtemps semblé sonné : il ne se déplaçait plus, boitait, s’énervait contre une terre trop glissante à son goût et faisait appel au staff médical du tournoi dès qu’il en avait l’occasion. On l’avait cru à deux doigts de l’abandon, avant qu’il ne sorte une partition qu’il avait déjà tant récitée jusqu’à présent : une récupération miracle, un niveau de jeu qui monte point après point, et au bout de tout ça une victoire inespérée.

Parmi les suiveurs, on pensait à un énième coup de bluff, à une blessure sinon feinte, au moins exagérée. En conférence de presse d’après match, Novak Djokovic expliquait avoir ressenti une douleur au genou droit après une chute, et avoir finalement tenu le choc grâce au remède de cheval que les médecins lui ont donné pendant le match. Avant de rejoindre son hôtel, le «Djoker» laissait les journalistes sur un mystère : «Aujourd’hui je suis tombé, j’ai survécu. J’ai gagné. Mais est ce que je pourrai jouer le prochain match ?»

La suite de son aventure à Roland-Garros, disait-il, dépendait de la batterie de tests qu’il devait effectuer ce mardi. Ces derniers n’ont donc pas été suffisamment rassurants pour que le Serbe continue. «Je suis vraiment triste d’annoncer que je dois me retirer de Roland-Garros. J’ai joué avec mon cœur et j’ai tout donné dans le match d’hier et malheureusement, en raison d’une déchirure du ménisque interne de mon genou droit, mon équipe et moi-même avons dû prendre une décision difficile, après mûre réflexion et consultation», a-t-il par la suite confirmé sur ses réseaux sociaux.

Son retrait du tournoi entraîne des conséquences en cascade. Il bénéficie d’abord à Casper Ruud. Le Norvégien, que Djokovic avait battu en finale l’année dernière ici même, est automatiquement qualifié pour les demi-finales et s’offre par la même occasion quatre jours de repos. Il affrontera vendredi le vainqueur du match entre Alexander Zverev et Alex de Minaur. En cas de victoire, Ruud participera pour la troisième année consécutive à la finale de Roland-Garros. Costaud.

Autre conséquence, et non des moindres : en sortant de Roland-Garros des quarts de finale, Novak Djokovic perd sa place de numéro 1 mondial au profit de Jannik Sinner. L’Italien devient le premier transalpin à inscrire son nom tout en haut du classement ATP. Le joueur de 22 ans, récent vainqueur de l’Open d’Australie et finaliste des derniers Masters, ne l’a appris qu’après tout le monde : il était en train de disputer son huitième de finale face au Bulgare Grigor Dimitrov quand le forfait de Novak Djokovic a été annoncé.

Enfin, l’abandon du Serbe marque la fin d’une ère pour Roland-Garros : voilà 20 ans que le tournoi parisien n’avait pas connu une finale sans qu’aucun des membres du big 3 - Nadal, Federer, Djokovic - n’y participe. Cela faisait également huit ans, et la première victoire de Novak Djokovic ici, qu’un nouveau nom n’avait pas été inscrit au palmarès du tournoi messieurs. Rendez-vous dimanche pour savoir qui de Casper Ruud, Jannik Sinner, Carlos Alcaraz, Alexander Zverev, Alex De Minaur ou Stefanos Tsitsipas sera le prochain à soulever la Coupe des Mousquetaires.

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