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Roland-Garros : Rafael Nadal défait au premier tour par Alexander Zverev, pour sa possible dernière à Paris

L’Espagnol a été éliminé dès son entrée dans le tournoi ce lundi 27 mai par le numéro 4 mondial (6-3, 7-6, 6-3). Cette défaite scelle peut-être la fin de sa longue aventure avec le Grand Chelem de la Porte d’Auteuil.
Rafael Nadal en quittant le court Philippe-Chatrier après sa défaite à Roland-Garros ce lundi 27 mai. (Alain Jocard/AFP)
publié le 27 mai 2024 à 18h27

Ce lundi 27 mai, à l’image de l’orage qui planait sur la capitale, Roland-Garros sentait la poudre. Quatre jours que les fans de tennis ne pensaient qu’à un match. A cet affrontement entre un Rafael Nadal vieillissant, absent des courts depuis presque deux ans, redescendu à la 275e place au classement ATP, et un Alexander Zverev au top de sa forme, 4e joueur mondial et récent vainqueur de Rome, le dernier gros tournoi en date. En bref, une rencontre déséquilibrée, probablement le premier tour le plus attendu de l’histoire du Grand Chelem parisien et le possible dernier bal du roi absolu de l’ocre parisien. Tout ça à la fois. Au terme d’un match bien plus accroché que le score (6-3, 7-6, 6-3) ne peut le laisser penser, l’Allemand a finalement plié l’affaire en à peine plus de trois heures.

Avant le début de la rencontre, les places autour du court Philippe-Chatrier valaient de l’or, affiche cinq étoiles oblige. Pas un siège de libre en tribunes, le gratin du tennis mondial (Djokovic, Swiatek, Alcaraz) installé en loges. Nadal est accueilli en rock star par une standing ovation. L’ambiance monte encore quand le speaker le présente pendant son échauffement : le palmarès de l’Espagnol est si long Porte d’Auteuil qu’il lui faut bien une minute pour en venir à bout.

Voilà le contexte dans lequel Rafael Nadal se présente sur la ligne de service pour lancer le match peu après 15 heures. Malgré quatorze Roland-Garros remportés et 115 matchs disputés à Paris, le taureau de Manacor semble d’abord rongé par l’enjeu. Il envoie un amorti, pourtant pas des plus difficiles, dans le filet ; se fait allumer par Zverev sur un coup droit long de ligne ; rate deux services. Et voilà qu’après deux minutes de jeu, il pointe déjà avec un break de retard au compteur. Son adversaire n’est pas beaucoup plus vaillant, balbutie un peu son tennis mais conserve tant bien que mal sa mise en jeu. Gros coup de froid d’entrée sur le Chatrier : peut-être que le duel annoncé déséquilibré l’était vraiment et que la partie va tourner à la boucherie.

Jeu de service bourbier

Heureusement, le reste de la manche est plus disputé, même si Alexander Zverev semble un gros cran au-dessus. Et quand l’Espagnol accélère, qu’il envoie des balles insaisissables pour le commun des mortels, elles finissent presque toujours par revenir, comme si un mur lui faisait face. Les stats ne mentent pas : points gagnés au service, en retour, coups gagnants… il est derrière partout. 6-3 pour Zverev, le public est sonné.

Le réveil vient quelques jeux plus tard. Rafael Nadal se sort d’abord d’un jeu de service bourbier en effaçant deux balles de break, puis prend dans la foulée le service de Zverev. Il fait trois petits sauts, balance son poing en avant de rage. Les tribunes grondent enfin. Le Majorquin est transcendé, rien à voir avec l’homme qui tremblotait au premier set. Difficile de croire qu’il fêtera dans une semaine son 38e anniversaire. Il n’en faut pas plus à Benoît Paire pour s’enflammer sur X (ex-Twitter) : «Rafa va gagner Roland.»

Le rêve ne dure qu’un temps. Zverev débreake cinq jeux plus tard et emmène le Chatrier dans un tie-break que les 15 000 spectateurs vont vivre en apnée, conscients que si l’Allemand repart avec le deuxième set, l’affaire sera quasi pliée. Malgré quelques fulgurances espagnoles, «Sascha» ne se débine pas. 7-5 dans le tie-break, et voilà Rafa mené deux sets à rien après deux heures de jeu.

«Il y a de grandes chances pour que je ne revienne pas»

La troisième manche est à l’image de la précédente. L’homme aux 22 Grand Chelem répond largement présent, bouscule celui qui n’en compte aucun. Mais Alexander Zverev s’accroche comme une sangsue qui vide petit à petit le trentenaire bien tassé de son énergie. Les jeux de services de l’Espagnol sont interminables et les occasions de breaker pleuvent, quand l’Allemand évacue les siens en une minute à peine. Zverev est intraitable et hausse encore son niveau. Ses balles semblent comme attirées par les lignes de fond de court qu’elles viennent mordre une à une. Nadal reste les bras ballants : celui qui a sauvé tant de situations désespérées sur l’ocre parisien ne peut rien faire. Alexander Zverev plie l’affaire (6-3), s’excusant presque de briser les rêves de l’Espagnol, des 15 000 personnes dans le stade et des millions de fans derrière leur télé.

A l’issue de sa défaite, peut-être la dernière dans son arène parisienne, Rafael Nadal entretient le flou sur son futur : «Il y a de grandes chances pour que je ne revienne pas ici, mais je ne peux pas en être sûr à 100 %, on verra dans deux mois. Je veux encore revenir ici pour les Jeux olympiques, a-t-il déclaré au micro, l’air pas vraiment abattu malgré les quelques trémolos dans la voix. Mais si c’était la dernière fois, j’en ai bien profité.» Puis il est ressorti comme il était entré sur le court Philippe-Chatrier : sous une standing ovation, ses proches émus aux larmes. Les spectateurs, eux, ont quitté le stade partagés. A la fois conscients d’avoir assisté à un moment historique mais frustrés aussi, parce que s’il n’était pas tombé d’entrée contre un adversaire si fort, la légende espagnole aurait peut-être pu encore faire quelques pas sur l’ocre parisien avant de disparaître dans le crépuscule.