Décidément, la terre battue ne lui réussit toujours pas. Tête de série numéro 2, considéré par beaucoup comme l’un des favoris de cette édition 2023 de Roland-Garros, Daniil Medvedev en a terminé avec l’ocre parisien aussi vite qu’il avait commencé. Il s’est incliné au premier tour ce mardi 30 mai face au Brésilien Thiago Seyboth Wild, 23 ans et 172e au classement ATP, en cinq sets et plus de quatre heures de jeu (7-6 ; 6-7 ; 2-6 ; 6-3 ; 6-4).

Avant de débarquer porte d’Auteuil, le Russe avait pourtant, pour une fois, fait le plein de confiance sur terre battue. Une victoire au Masters 1 000 de Rome il y a dix jours et un déblocage psychologique, disait-on, après des années à galérer au printemps alors qu’il enchaînait titres et finales le reste de l’année sur dur. Après sa victoire, il déclarait quand même : «De toute façon, je n’aime pas la terre battue. Même si je gagne des matches, je préfère les courts en dur.» Comme pour préparer un éventuel fiasco à Roland.

Sur un court central aux tribunes en partie clairsemées, Medvedev s’est fait prendre à la gorge d’entrée. Très offensif, s’appuyant sur un coup droit puissant et précis, Seyboth Wild ne le laisse par respirer. Le match ressemble à un combat de boxe où le Brésilien enchaîne les droites et le Russe encaisse sans broncher. Les deux premiers sets terminent au tie-break : le premier bascule pour Wild, le second pour Medvedev.

La tête de série enchaîne et remporte le troisième set facilement (6-2). On l’imagine terminer la rencontre sans encombres, faire parler son expérience en Grand chelem et user un Brésilien qui n’est pas habitué aux rencontres en trois sets gagnants. Mais Medvedev vendange ses jeux des services, lâchant notamment trois doubles fautes dans le même jeu. Pendant ce temps le Brésilien joue juste et arrache un cinquième set (6-3).

Le public sent venir la première grosse surprise de cette quinzaine chez les hommes. Les spectateurs rappliquent à mesure que la victoire de Thiago Seyboth Wild se rapproche, comme attirés par l’odeur du sang, et les gradins se remplissent, largement acquis à la cause du Brésilien. Entre des encouragements, le bruit sourd de ses frappes raisonnent dans le Chatrier. Daniil Medvedev renvoie comme il peut, se déplaçant sur le court comme un éléphant dans un magasin de porcelaine. Sur le dernier point, le Russe semble tétanisé, balançant des balles molles en plein milieu du court pour s’assurer de ne pas terminer sur une faute direct. Son adversaire l’achève d’une ultime mine en coup droit. Pour la cinquième fois en sept participations, Medvedev sort de Roland-Garros au premier tour.

Pour Thiago Seyboth Wild, l’exploit est de taille. Grand espoir dans son adolescence, premier joueur né au XXIe siècle à remporter un tournoi sur le circuit principal (l’ATP 250 de Santiago en 2020), il n’avait pas depuis concrétisé les attentes qui pesaient sur ses épaules. Flirtant avec le top 100 après son titre, il était retombé en début d’année au delà de la 400e place au classement ATP, et ne disputait que des tournois secondaires, tous ou presque en Amérique du sud et sur terre battue. Sa chute au classement coïncidait également avec les accusations de violences conjugales proférées par son ex-compagne. Jusqu’à présent, il n’avait réussi qu’une fois à se qualifier pour un Grand chelem, à l’US Open en 2020, pour une défaite dès le premier tour.

Mise à jour à 19h15 : ajout des accusations de violences conjugales visant Thiago Seyboth Wild.