C’est la dame du tableau. Elle vous tourne presque toujours le dos. En plein centre de l’allée qui sépare les deux principaux courts de Roland-Garros. «Je crois que je dois avoir le record du dos le plus photographié du tournoi», plaisante Virginie Dollat. Cette artiste plasticienne note avec son feutre blanc sur fond vert les noms des 256 joueuses et joueurs qui s’affrontent à Roland Garros. Cela fait maintenant 23 ans que chaque année elle tient le tableau des internationaux de France et fait avancer le nom des joueurs selon leur progression, note leurs scores tranquillement alors que résonne à côté le bruit des balles et le va-et-vient des visiteurs.
Lorsqu’elle est arrivée en 1998, année du passage en professionnel d’un certain Roger Federer, elle s’occupait de la décoration des espaces VIP. «On faisait des décors provençaux avec des fausses vignes, si je voyais ça aujourd’hui je trouverais ça horrible», se remémore Virginie avec toujours ce même sourire qui ne quitte pas son visage. Lors de cette première saison, l’entreprise qui l’embauche lui annonce que la dame qui tient le tableau des scores va s’en aller et lui propose de la remplacer. «J’ai accepté parce que j’avais des bases de calligraphie.» Elle est alors âgée de 32 ans et ne se doute peut-être pas alors qu’elle ne ratera aucune des 23 éditions suivantes.
Woodstock
«Ça a beaucoup changé», dit-elle en scrutant l’esplanade qui fait face au court Philippe-Chatrier. Quand on lui demande en quoi, ell