Il aura fallu attendre trente secondes à peine pour que le ton soit donné. Un service, deux échanges puis, déjà, un coup droit puissant qui vient mordre la ligne de fond de court et prendre de vitesse l’Autrichien Dominic Thiem. Une frappe comme il en a placé des milliers dans sa carrière, qui restera comme la première pierre censée lui permettre de retrouver les sommets. A 37 ans, près d’un an après son dernier match en simple et alors que beaucoup doutaient de sa capacité à revenir, Rafael Nadal a rejoué ce mardi 2 janvier. Et a regagné.
Guess who's back? 🥶
— Tennis TV (@TennisTV) January 2, 2024
The best points as @RafaelNadal secured a memorable comeback win over Dominic Thiem! pic.twitter.com/NnE9K0BJ1W
Le Majorquin aux 22 titres en Grand Chelem s’est imposé en deux sets (7-5, 6-1) contre Dominic Thiem, ex-n°3 mondial, au premier tour du tournoi de Brisbane (ATP 250). Alors que tout le monde se demandait dans quel état le gaucher au corps meurtri par les blessures allait retrouver les courts, le public australien a vu débarquer un Nadal puissant, rapide, plein d’énergie et de rage. Comme par miracle débarrassé de ses problèmes de hanche, de pied et autres parties du corps qui lui ont valu ces dernières années de passer entre les mains des médecins et chirurgiens. «S’il continue à jouer comme ça dans les prochains mois, ça risque d’être particulièrement excitant», s’émerveillait le commentateur de Tennis TV à la fin de la rencontre.
Aussi souriant que soulagé après le match, Rafael Nadal est revenu sur la saison blanche qu’il vient de vivre – «l’une des années les plus difficiles de ma carrière» – et a évoqué son «émotion» de retrouver, enfin, les courts. Avant de tempérer les ardeurs des fans : aussi encourageante qu’elle soit, cette victoire ne vaudra rien si, demain, son corps l’empêche à nouveau d’enchaîner les matchs et les succès. «La première et la plus importante des choses, aujourd’hui, est de rester en bonne santé, a expliqué celui qui avait dégringolé à la 672e place au classement ATP avant cette victoire contre Thiem, comme le rapporte l’Equipe. Je ne pense pas avoir oublié comment on joue au tennis. Mais il faut pouvoir maintenir un niveau de tennis très élevé sur le Tour. Il faut que je récupère de mon déplacement, ce qui prend du temps. Il faudra des heures et des heures sur le court pour y parvenir.» Rendez-vous jeudi pour un deuxième tour face à Jason Kubler, 102e mondial, pour voir si son corps continue de le laisser en paix.
Stop ou encore ?
Mi-mai 2023, au moment d’annoncer son forfait pour Roland-Garros lors d’une conférence de presse en direct depuis son académie à Manacor, Rafael Nadal avait dessiné les contours de son rêve. Celui de finir sa carrière en 2024, dans l’idéal après deux victoires sur l’ocre de la Porte d’Auteuil qu’il chérit tant : pour Roland-Garros en juin, puis deux mois plus tard au même endroit dans le cadre des Jeux olympiques. «L’année prochaine sera probablement ma dernière sur le circuit», disait-il à l’époque. Tout en gardant dans un coin de la tête que si son corps ne lui permettait pas de rejouer, la retraite arriverait peut-être plus vite que prévu.
Signe que sa confiance est revenue, malgré les précautions prises après son retour réussi, le Majorquin n’exclut désormais pas de prolonger l’aventure avec la balle jaune un peu plus longtemps. «Je ne peux pas prédire à 100 % ce qui va se passer dans le futur. C’est évident qu’il y a de fortes chances que ce soit ma dernière tournée en Australie. Mais si je suis là l’an prochain, ne me dîtes pas que j’avais dit que ce serait ma dernière», disait-il le sourire aux lèvres dimanche face aux journalistes en amont du tournoi à Brisbane.