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Tennis: la carrière d’Alizé Cornet en cinq chiffres

A 32 ans, la Française va disputer à Melbourne le premier quart de finale de sa carrière dans un tournoi du Grand Chelem.
Alizé Cornet, ce lundi à Melbourne. (DARRIAN TRAYNOR/Getty Images via AFP)
publié le 25 janvier 2022 à 18h52

Après la défaite de Gaël Monfils en quart de finale contre l’Italien Berrettini ce jeudi, l’honneur français repose sur les seules épaules d’Alizé Cornet à l’Open d’Australie de tennis. A 32 ans, elle dispute dans la nuit de mardi à mercredi (minuit en France) et pour la première fois un quart de finale d’un tournoi du Grand Chelem. Retour en cinq chiffres sur la carrière d’une joueuse partie sur les chapeaux de roues mais qui a souvent terminé dans le fossé.

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c’est le premier quart de finale de Grand Chelem d’Alizé Cornet

A 32 ans, elle dispute son 63e tournoi majeur. Le soixantième d’affilée. Le premier, c’était en 2005 à Roland-Garros. Elle avait alors 15 ans, plus jeune joueuse du tournoi. Elle avait été sortie au deuxième tour par son idole, Amélie Mauresmo. On n’a pas souvent vu Alizé Cornet pointer le bout de sa raquette en deuxième semaine en Grand Chelem, plus souvent abonnée aux éliminations aux premier ou deuxième tours. En 2009, elle n’avait pas été loin de l’exploit, déjà à Melbourne ; face à la Russe Dinara Safina, alors 3e mondiale, elle avait vendangé deux balles de match en 8e de finale.

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son nombre d’abonnées sur Twitter

Très active sur les réseaux sociaux, Cornet n’y a pas des torrents d’eau tiède. Ainsi a-t-elle été très critiquée pour un tweet de soutien à Novak Djokovic au début du tournoi, soulignant que le Serbe «est le premier à défendre les joueurs et que personne ne l’a défendu». Cornet fut également l’une des premières à manifester son inquiétude pour la joueuse de Chinoise Peng Shuai, disparue un temps des radars après avoir accusé de viol un dirigeant du PC chinois. «J’ai l’habitude de l’ouvrir quand quelque chose me dérange, et je crois que le monde avait besoin qu’une joueuse prenne position sur ce sujet grave», a-t-elle expliqué à Melbourne. Avant de préciser à propos : «Je sais de source sûre qu’elle n’est pas en danger physiquement. Je suis inquiète pour ce qu’elle va devenir, comment elle va évoluer après ça ? Quand est-ce qu’elle va être vraiment libre ? Donc on va dire qu’elle n’est pas en danger pour sa vie. Et j’ai envie de dire vu les circonstances, c’est presque déjà rassurant. Il ne faut pas lâcher l’affaire non plus et rester solidaire d’une manière ou d’une autre.»

Elle a également marqué sa singularité en profitant de sa mise à l’arrêt forcé en 2020, en raison du confinement, pour écrire un livre, Sans compromis. Un retour sur son enfance, sa carrière, sa ville, sans jouer à cache-cache avec ses défauts. L’occasion aussi de dénoncer le machisme du monde du tennis dont elle fut la victime à l’US Open, sanctionnée pour avoir enlevé son t-shirt pour le remettre à l’endroit entre deux jeux. Epinglée pour comportement antisportif, elle n’avait pas manqué de faire remarquer que les hommes pouvaient se déshabiller (du haut) à l’envi sur un court.

Portrait (2009)

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comme le nombre de face-à-face entre Cornet et son adversaire en quart de finale

Ce jeudi, Alizé Cornet a rendez-vous avec l’Américaine Danielle Collins, tête de série numéro 27. «Ce match aura tout d’une tragédie, c’est certain», a prévenu la tenniswoman française en décrivant l’Américaine «comme une lionne». «Elle met tellement d’intensité qu’elle m’impressionne un peu. Moi aussi, je joue avec intensité, mais elle, elle est d’une intensité encore supérieure.»

Aujourd’hui âgée de 28 ans, Collins a privilégié ses études jusqu’en 2016 avant de devenir professionnelle. Elle a gagné ses premiers matches sur le circuit WTA en 2018 et n’avait pas remporté la moindre rencontre en Grand Chelem en cinq tentatives, avant d’atteindre les demi-finales à Melbourne en 2019. Cette demie reste son meilleur résultat en Grand Chelem. Si Cornet est réputée pour son franc-parler, Collins n’a pas de tabou, comme elle l’a montré en conférence de presse en répondant tranquillement pendant plusieurs minutes à des questions liées à l’endométriose dont elle a souffert.

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comme le nombre de points encaissés d’affilée en 8e de finale contre Simona Halep

Après l’Espagnole Muguruza au 3e tour (victoire 6-3, 6-3), Cornet se retrouvait pour la deuxième fois face à une ex-numéro 1 mondiale en 8e de finale. La Française réalise un début de match de rêve. Dominatrice, plus agressive, plus lucide, plus constante à l’échange, la 61e mondiale met la double vainqueur en Grand Chelem au supplice. Après 1 h 15, elle mène 6-4 et s’offre une balle de 4-1. Et puis le trou noir. 19 points encaissés sans en marquer un seul, 6 jeux à 0 pour la Roumaine. En face, ce n’est plus Halep mais le fantôme de Dinara Safina.

Mais Cornet repart au combat. S’offre deux balles de match au troisième set. Les perd. L’histoire fait marche arrière, Cornet se retrouve à Melbourne en 2009… Sous un cagnard infernal, elle s’impose finalement 6-4, 3-6, 6-4 et doit se plier à la rituelle interview sur le court. A l’autre bout du micro, l’ex-joueuse Jelena Dokic. Celle-là même qu’elle aurait dû rencontrer en quart de finale à Melbourne en 2009 si elle avait converti une de ses deux balles de match. «Je voulais tellement jouer contre toi il y a treize ans», dit Cornet la larme à l’œil.

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son meilleur classement, en 2009

Alizé Cornet, née en janvier 1990 à Nice, est alors une jeune joueuse pleine de promesses. L’année précédente, elle a remporté son premier tournoi, à Budapest, et atteint la finale à Rome (un tournoi de la catégorie juste en dessous des Grands Chelems). Elle toque à la porte du Top 10. Qu’elle n’intégrera jamais.

Depuis, la carrière d’Alizé Cornet suit des montagnes russes avec plus de descentes que de montées. Sur son CV, elle peut épingler 6 tournois (le dernier en 2018) et quelques coups d’éclat sans lendemain. Des victoires de prestige et des défaites illogiques. Plus d’années sombres que de saisons fastes. Sa dernière incursion dans le Top 20 remonte à janvier 2015.

Cette année, elle a attaqué l’Open d’Australie en tant que 61e mondiale. Personne ne l’attendait en quart de finale. Personne sauf elle et son ancien coach, Georges Goven, interviewé par l’Equipe : «Derrière ce côté un peu dingo sur le terrain, c’est une fille qui a des qualités mentales exceptionnelles. Cette folie, ça fait partie du personnage mais ça n’engendre pas trop de dégâts chez elle. […] Mais il y a deux éléments essentiels à la performance : qu’elle soit bien physiquement et que son service soit bien calé. Quand elle se tend, ce coup peut devenir problématique. […] Elle sait faire plein de choses. Elle peut accélérer son revers, long de ligne ou croisé. Elle a son coup droit bombé. Elle peut faire un peu de chop, elle sait jouer de l’amortie, notamment en coup droit… Elle a quand même une variété de jeu qui perturbe les autres joueuses. Ce n’est pas une fille qui joue tout le temps au même rythme et qui te donne tout le temps le même type de balle. Tactiquement, elle ne passe que très rarement à travers.»