Menu
Libération
Chute

L’ancienne championne de biathlon Laura Dahlmeier est morte, deux jours après sa disparition en montagne au Pakistan

La double championne olympique allemande, parmi les plus titrées de l’histoire de la discipline, a été emportée dans une chute de pierres lors d’une expédition en haute montagne, au Pakistan.
Laura Dahlmeier à Ostersünd, le 3 décembre 2023. (Kevin Voigt/Getty Images)
publié le 30 juillet 2025 à 13h04
(mis à jour le 30 juillet 2025 à 14h48)

Les chances de retrouver Laura Dahlmeier vivante étaient quasi nulles. Aucun contact n’avait pu être rétabli durant deux jours avec l’ancienne biathlète allemande, victime d’un accident survenu dans la haute montagne pakistanaise, ce lundi. Son agence a annoncé sa mort ce mercredi 30 juillet.

L’ex-championne au palmarès parmi les plus garnis de la discipline, a été emportée dans une chute de pierres. Peu après le drame, sa famille avait annoncé dans un post sur Instagram que cette dernière était a minima «grièvement blessée» et ne «donn[ait] pas de signe de vie». Une équipe internationale d’alpinistes avait tenté ce mercredi de secourir l’Allemande, âgée de 31 ans.

Dahlmeier était partie en binôme pour une expédition sur le pic Laila, un sommet de la chaîne du Karakoram au nord du Pakistan, nichée dans la vallée de Hushe, non loin du glacier de Gondogoro, à un peu plus de 6 000 mètres d’altitude. Elle a été prise à la mi-journée «dans une chute de pierres», d’après son entourage. Sa partenaire de cordée Marina Eva, indemne, a alors «immédiatement déclenché un appel de détresse, et l’opération de sauvetage a été lancée».

Entretemps, sa partenaire «a tenté pendant de nombreuses heures de porter secours, mais cela s’est révélé impossible en raison de la difficulté du terrain et des chutes de pierres persistantes». Pendant la nuit de lundi à mardi, elle a «décidé de se retirer de la zone dangereuse et de continuer à descendre», retrace l’agence Nine & One, qui s’occupe de Laura Dahlmeier.

L’isolement de la zone – elles se trouvaient à environ 5 700 m d’altitude – fait qu’un hélicoptère militaire de sauvetage n’a pu survoler le lieu de l’accident que mardi, sans parvenir à atteindre la jeune femme.

En raison de «conditions extrêmement difficiles à une telle altitude», «un sauvetage par hélicoptère a été exclu», a expliqué Areeb Ahmed Mukhtar, un haut responsable local. Les secours ont constaté à cette occasion que l’état de santé de Dahlmeier était critique.

Une opération de sauvetage pour atteindre le site par voie terrestre ambitionnait mercredi de retrouver l’Allemande en vie et la rapatrier en contrebas. En vain.

L’hypothèse est que Dahlmeier est morte «sur le coup» lundi, et ce «sur la base des observations faites lors du survol et du compte-rendu de la partenaire», avance son agence Nine & One, qui ajoute que «les risques sont trop élevés» pour mener à bien la récupération du corps, «irréalisable dans les conditions difficiles actuelles».

La septuple championne du monde «avait exprimé clairement et par écrit que, dans une telle situation, personne ne devait risquer sa vie pour la secourir», précise l’agence.

Ex-patronne du biathlon

«Nos cœurs sont brisés - mais tu garderas à jamais une place spéciale en eux. Repose en paix, Laura», a réagi la Fédération internationale de biathlon (IBU). Retirée du biathlon à 25 ans, l’Allemande trônait sur le circuit mondial. Elle compilait déjà 22 victoires et 50 podiums en Coupe du monde. Et qui sait ce qu’il en aurait été si elle avait poursuivi dix années de plus.

Au cours de sa meilleure saison, l’exercice 2016-17, la Bavaroise s’était adjugée le gros globe de cristal pour le classement général de Coupe du monde, ainsi que les petits globes en individuel et en poursuite. Lors des Mondiaux de Hochfilzen la même année, elle était devenue l’unique femme a bouclé la compétition avec cinq titres, en plus d’une médaille d’argent, en six épreuves.

L’année d’après, aux JO de Pyeongchang, elle avait empoché l’or olympique à deux reprises : en sprint et en poursuite, en y ajoutant une médaille de bronze en individuel. Avant de mettre un terme à sa carrière en 2019, mi-lassée par les exigences routinières du haut niveau, mi-excitée à l’idée de changer de chapitre et partir à l’assaut des sommets.

Alpiniste aguerrie

Ce n’est de toute façon pas en amatrice que cette montagnarde aguerrie, née et grandie dans la station bavaroise de Garmish-Partenkirchen, se trouvait sur un pic aussi exigeant que le Laila. En plus de son rôle d’experte pour la chaîne allemande ZDF lors des Coupes du monde de biathlon, Dahlmeier s’était reconvertie dans l’alpinisme. Elle avait passé son diplôme de guide de montagne et de ski certifiée. En novembre, elle avait gravi l’Ama Dablam dans l’Himalaya au Népal, établissant même un record de vitesse lors de cette ascension.

Elle se trouvait dans la région depuis fin juin et avait déjà gravi la Grande Tour Trango, autre sommet du Karakoam, culminant à 6 286 mètres et réputé pour ses «bigwalls» (grandes et très hautes parois), descendu pour la première fois à ski au printemps.

Ces dernières semaines, la région a été frappée par de forts vents, des pluies torrentielles, en pleine mousson estivale, et les conditions météorologiques ont été «extrêmement difficiles», a rappelé Mohammed Ali, responsable local de l’Autorité de gestion des catastrophes. Des conditions qui rendent ensuite certains terrains mouvants et instables. Une hypothèse parmi d’autres pour expliquer la chute de pierres dans laquelle Laura Dahlmeier a perdu la vie.

Mise à jour le 30 juillet avec l’annonce de la mort de la biathlète et la réaction de l’IBU.