Ce 26 novembre 1989, le vent de nordet est glacial. L’atmosphère sur le ponton des Sables-d’Olonne (Vendée), pesante. Treize marins – onze Français, un Américain et un Sud-Africain – partent à l’assaut de la première édition du Vendée Globe, un tour du monde en solitaire et sans assistance lancé par Philippe Jeantot, sur de lourds monocoques de 15 tonnes chargés comme des outres. Ils ont beau s’être nourris des récits de pionniers, tels Slocum, Knox-Johnston ou Moitessier, ils plongent dans l’inconnu en embarquant près de 150 jours de vivres, des conserves et bocaux à ne plus en finir, quelques bonnes bouteilles, des mets de Noël, une machine à coudre afin de réparer les voiles, plusieurs dizaines de bouquins, un orgue électronique pour Loïck Peyron, un chauffage pour certains et des centaines de kilos de matériel de rechange. Trente-cinq ans plus tard, on est passé des coffres-forts à des machines de guerre en carbone pesant moitié moins lourd, allant deux à trois fois plus vite, et dans lesquelles chaque gramme est compté. Même s’il reste heureusement des aventuriers et de doux rêveurs armant d’anciens voiliers déjà au fait de la route.
A 65 ans, Jean Le Cam (Tout comme