Lorsqu’il déambule les mains dans les poches de son blouson noir ces derniers jours aux Sables-d’Olonne (Vendée), Jean Le Cam est alpagué telle une rock star. Le marin, qui s’apprête à prendre le départ de son sixième Vendée Globe consécutif, est épié. Admiré. Parfois jalousé. Une forme de consécration pour l’homme de 65 ans, qui a manifesté dès ses plus jeunes années un goût pour la navigation en solitaire, et manifestement très vite compris les bienfaits de la propulsion vélique. Sur la plage, le gamin planque un parasol dans le fond d’une prame, une sorte de canoé, file au large malgré les hurlements de sa grand-mère censée veiller sur lui, puis revient tout fier à terre après l’avoir ouvert afin de se servir du vent plutôt que des pagaies. Adolescent, il se fait les dents sur le bateau familial, un Armagnac en contreplaqué de huit mètres nommé Mervent. Le Cam père et fils aiment régater le week-end, et ramènent des coupes à la maison. Le fiston a déjà un joli «toucher» de barre, manœuvre à merveille, surtout quand une jolie dépression atlantique balaye les côtes bretonnes.
Le marin ne tarde pas à être repéré. Se fait logiquement embarquer par Eric Tabarly lors de son service militaire pour un premier tour du monde en course et en équipage, pu