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Violences dans le foot: une réunion pour quoi faire?

L’Instance nationale du supportérisme (INS) se réunit ce lundi 18 décembre au ministère des Sports pour tenter d’éradiquer les violences dans le football français. Cette session plénière a lieu deux semaines après la mort d’un supporter nantais et un automne constellé d’actes de plus en plus graves.
Dimanche 17 décembre, des joueurs du FC Nantes portent un maillot en hommage à leur supporter tué le 2 décembre. (Baptiste Fernandez/Icon Sport)
publié le 18 décembre 2023 à 9h17

C’était il y a deux semaines et, de loin, l’incident le plus dramatique d’une série noire de violences dans le foot français. Le 2 décembre, juste avant le match Nantes-Nice, Maxime, 31 ans, un supporter nantais, succombait à deux coups de couteau lors d’une altercation avec un chauffeur de VTC dont il avait attaqué le véhicule avec d’autres supporters, parce qu’il transportait des fans niçois. L’Instance nationale du supportérisme (INS) se réunit au ministère des Sports, ce lundi 18 décembre dans l’espoir de parvenir à des mesures et des solutions viables.

Attaque du bus de l’OL à Marseille, caillassage du bus des supporters de Brest, agression du petit Enzo lors d’une rencontre opposant Ajaccio à l’OM : loin de se calmer au gré des mesures coercitives appliquées aux supporters les plus problématiques, les violences se sont multipliées cet automne en marge de matches de foot.

La séance plénière sera l’occasion pour la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra de reprendre le dialogue mais aussi d’expliquer son projet visant à endiguer les violences. Aucune décision n’est attendue, l’INS n’étant pas une structure décisionnelle. Dans la continuité des déclarations de la ministre qui s’est dite en faveur d’un «moratoire sur les déplacements de supporters», une source gouvernementale a indiqué à l’AFP qu’il s’agirait de mettre en place «un moratoire à l’initiative de la Ligue et des clubs, dans le cadre d’un plan d’action plus vaste et avec pour objectif de prendre de nouvelles mesures collectivement pour l’avenir», début janvier.

Contrairement à l’Angleterre ou l’Allemagne qui ont réussi à contenir les violences depuis les années 1990, «la difficulté qu’a la France, c’est de ne pas avoir une ligne directrice claire, d’être incapable d’identifier les individus violents et de les écarter durablement des stades», a expliqué à l’AFP le sociologue Nicolas Hourcade, spécialiste du supportérisme et membre de l’INS. Ces dernières années, la France s’est focalisée sur les mesures d’interdictions collectives et beaucoup moins sur les interdictions individuelles : on ne comptait en France que 218 personnes interdites de stade en juillet 2023, contre quelque 1 600 en Angleterre et 1 300 en Allemagne.

Depuis la mort du supporter nantais, les pouvoirs publics ont multiplié les interdictions de déplacements de supporters. Dimanche, la Beaujoire lui a rendu hommage avec une bâche géante, un tee-shirt noir porté par les joueurs à l’échauffement et une minute de silence. De son côté, le Conseil d'Etat a suspendu quasiment à chaque fois, et encore pour plusieurs matches de ce week-end, ces arrêtés ministériels et préfectoraux, évoquant «une atteinte grave et manifestement disproportionnée aux libertés fondamentales».

Au stade Vélodrome à Marseille dimanche, plusieurs banderoles de supporters dans les deux virages fustigeaient ces sanctions collectives : «des interdictions pour masquer votre incompétence», «La justice annule vos arrêtés, la police n’applique plus vos arrêtés, finalement c’est à vous d’arrêter» ou encore «une réunion au sommet demain pour des solutions encore inadaptées et liberticides».