«Une bombe à retardement». C'est le principal auteur du rapport de l'ONU consacré aux bidonvilles qui résume ainsi la situation (1). Aujourd'hui, près de 1 milliard d'hommes dans le monde soit 1 sur 6 vit dans des taudis principalement situés dans les pays en développement. Au cours des dix dernières années, leur nombre a augmenté de 36 %. Et selon le programme Habitat des Nations unies, ils seront 2 milliards dans trente ans, sous l'effet de l'exode rural rapide et du déplacement de la pauvreté de la campagne vers les villes.
Or c'est dans les bidonvilles que se concentrent la pauvreté, bien sûr, mais aussi les problèmes sanitaires et environnementaux. Ces zones sont souvent souillées par des déchets urbains ou industriels. Et les sols les seuls accessibles aux pauvres, c'est-à-dire ceux dont personne ne veut sont fragiles, dangereux et pollués. L'incidence de la typhoïde et du choléra, mais aussi des maladies opportunistes qui accompagnent le sida, y est extrêmement élevée.
L'échec des stratégies adoptées (expulsion et destruction n'ont fait que déplacer les problèmes), la corruption et le manque de volonté politique expliquent, selon l'ONU, la persistance et l'expansion continue de ces taudis.
Mais le rapport incrimine aussi la mondialisation. La forte croissance du commerce mondial dans les années 80-90 a desservi les pays les moins avancés, qui «ont perdu leur part des emplois et des échanges commerciaux engendrés dans le secteur de la production au profit d'un pet