Dans les océans et les mers du monde entier, près des côtes, s'étendent de vastes prairies : les herbiers marins. Véritables garde-manger pour des espèces en voie de disparition telles que les tortues vertes, ces prés marins sont enfin reconnus à leur juste valeur. Pour la première fois, un rapport décrit la répartition et l'état de ces prairies à travers le globe : l'Atlas Mondial des herbiers marins préparé par le Centre de surveillance continue de la conservation de la nature du Programme des nations unies pour l'environnement (PNUE-WCMC). Au moins 177 000 km2 d'herbiers s'étendraient dans les océans et les mers de notre planète, le tiers de la surface de la France. Or ce ne serait là qu'une faible approximation de l'ampleur des prairies. Le rapport ne dit rien, faute de données, sur les côtes de l'Afrique de l'Ouest et de l'Amérique latine.
Pouponnières. «Les herbiers n'ont rien à voir avec les algues ou les coraux», souligne Alexandre Meinesz, chercheur au laboratoire Environnement marin littoral à l'université de Nice-Sophia Antipolis. Ce sont des plantes à fleurs... d'origine terrestre. Au cours de leur évolution, elles ont préféré retourner au fond des océans. Cette adaptation particulière restreint à soixante le nombre d'espèces peuplant les herbiers à travers le monde. En France, deux espèces poussent sur les côtes de la Manche et de l'Atlantique (les zostères) et quatre recouvrent celles de la Méditerranée (les posidonies). Ces prés aquatiques poussent jusqu'à quar