La vie est rude dans les California Channel Islands, un groupe de huit îles au large de Los Angeles. L'introduction par l'homme d'une espèce étrangère, le cochon sauvage, a mis en danger le renard insulaire, une espèce endémique en voie d'extinction. Mais pas de manière directe. Un modèle mathématique établi par une équipe franco- américaine avait montré, voilà deux ans, qu'un système d'hyperprédation menaçait fortement ces renards. Deux ans plus tard, une nouvelle étude établit qu'il est très difficile de revenir en arrière lorsqu'on a perturbé un écosystème.
En étudiant le système social des renards insulaires (Urocyon littoralis), Gary Roemer et Josh Dolan, deux Américains de l'université de Californie avaient constaté une chute dramatique de leurs effectifs entre 1993 et 1999. Ils finissent par découvrir que les cochons sauvages implantés sur les îles attirent les aigles royaux, qui auparavant ne s'y attardaient pas. Depuis l'arrivée des cochons, ils y nichent, s'y reproduisent... et mangent les porcelets jusqu'à l'âge de trois mois, finissant leurs repas avec des renards. Frank Courchamp (CNRS-Université d'Orsay) avait établi un modèle mathématique montrant le rôle de cette hyperprédation. (1)
Logiquement, les autorités du parc auxquelles appartiennent ces îles pensent qu'il faut éliminer les cochons mais Frank Courchamp établit un autre modèle mathématique qui confirme ce qui se passe sur le terrain. «J'ai obtenu un résultat paradoxal : tant qu'il reste des aigles, il ne