Pour la première fois, des vétérans des essais nucléaires français ont déposé vendredi soir une plainte contre X pour homicide involontaire, atteinte à l'intégrité des personnes et administration de substances nuisibles. Nombre d'entre eux souffrent de maladies, en particulier de cancers, comme Libération le racontait dès janvier 2002. «Nous voulons faire reconnaître la responsabilité de l'Etat», indique le docteur Jean-Louis Valatx, président de l'Association des vétérans des essais nucléaires (Aven), qui revendique deux mille adhérents.
«Faire la lumière». Onze anciens employés civils ou militaires, ainsi que deux associations, l'Aven et son homologue polynésienne, Moruroa e Tatou, se sont associés pour déposer cette plainte auprès du tribunal de grande instance de Paris. «Le but de cette procédure est de demander aux institutions judiciaires de faire la lumière sur ce qui s'est passé de 1960 à 1996», explique leur avocat, Me Jean-Paul Teissonnière. Il pointe «une succession de dysfonctionnements, d'erreurs, de négligences et de choix aberrants qui a conduit à des irradiations».
Une enquête conduite par l'Aven auprès de 720 de ses membres indique que 30 % d'entre eux souffrent de cancers, le double de la moyenne dans cette classe d'âge. En termes statistiques, les résultats de cette enquête doivent être pris avec prudence, car rien n'indique que l'échantillon soit représentatif. Faute d'études épidémiologiques au niveau national, on ne dispose d'aucune donnée fiable sur la s