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Libération

Climat de rébellion chez les Inuits

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publié le 15 décembre 2003 à 2h20

Montréal (Canada)

de notre correspondante

«C'est une question de vie ou de mort, martèle Sheila Watt-Cloutier. On ne sera pas des victimes impuissantes : on va se battre pour notre droit de subsistance.» Après un discours remarqué, mercredi à Milan, lors de la 9e conférence des Nations unies sur le climat, la présidente de la Conférence circumpolaire des Inuits (CCI) enfonce le clou. Elle confirme que l'organisation ­ qui représente 155 000 Inuits du Canada, d'Alaska, du Groenland et de Russie ­ envisage de déposer un recours juridique devant la Commission interaméricaine des droits de l'homme. La raison invoquée : la mise en péril du mode de vie ancestral du peuple Inuit, du fait des changements climatiques provoqués par les activités humaines.

«Supermarché». «Les gens s'inquiètent de la disparition des ours polaires d'ici 2070 parce qu'ils n'auront plus de banquise où aller chasser le phoque, mais les Inuits aussi font face à l'extinction pour les mêmes raisons et dans le même temps», met en garde Sheila Watt-Cloutier. Pour manger, «vous allez au supermarché, nous, nous allons sur la banquise. Manger ce qu'on chasse est au coeur de ce que signifie être Inuit. Quand on ne pourra plus chasser sur la glace, comment allons-nous nous définir ?» Considérant que leurs droits humains sont violés par les pays qui refusent de signer le protocole de Kyoto (Etats-Unis en tête), les Inuits songent à emprunter la voie juridique en invoquant la Déclaration des droits de l'homme de 1948. Une