Menu
Libération

L'industrie se sucre sur les Everglades

Article réservé aux abonnés
publié le 26 décembre 2003 à 2h28

Boca Raton, (Floride), envoyé spécial

C'est un canal qui s'enfonce entre les herbes hautes. Une porte ouverte sur un monde liquide et immobile. Dans l'eau, les algues multicolores freinent doucement la progression du canoë, au milieu du refuge naturel de Loxahatchee, au nord-ouest des Everglades. Où que l'on regarde, le paysage est le même : une succession de marécages qui semblent mordre l'horizon. De nulle part surgit soudain un grand héron bleu, qui frôle les nénuphars. «Souvent, ici, je perds la notion du temps et de l'espace, glisse doucement Jerry, le guide, un grand-père qui est tombé amoureux des marais il y a longtemps. Je m'arrête, j'écoute, je regarde et je reste là de longues minutes. Les Everglades sont magiques. Et tout ce que je sais, c'est qu'il faut se battre pour les préserver, même si cela déplaît à certains.»

Habitat naturel. La «bataille des Everglades» ne date pas d'aujourd'hui. A la fin des années 40, Marjorie Stoneman Douglas (1), une Floridienne visionnaire baptisée la «grand-mère des Everglades», avait prévenu des dangers qui menaçaient cet écosystème unique, face à la volonté des hommes d'y développer agriculture et projets immobiliers. Quelques décennies plus tard, son constat est plus que jamais d'actualité. Les Everglades, qui recouvrent une bonne partie du sud de la Floride, ont diminué de moitié en cent ans. Les marécages sont assaillis par de nouvelles plantes qui se nourrissent des phosphates polluants utilisés comme engrais par l'industrie du