Tokyo de notre correspondant
«D'habitude, on sert le gyudon à toute heure. Le restaurant ne désemplit pas. Avec ces histoires d'embargo et de boeuf contaminé aux Etats-Unis, les clients sont devenus rares. Pour nous, c'est une catastrophe !» A deux pas de l'Opéra de Tokyo, au pied des gratte-ciel du quartier de Shinjuku, le fast-food nippon Yoshinoya, ouvert 24 heures sur 24, est d'ordinaire bondé. Surtout en hiver. Employés pressés, étudiants fauchés et manoeuvres de chantiers se ruent à son comptoir pour avaler un gyudon brûlant à 2 euros, spécialité locale à base de riz, d'oignons et de boeuf émincé. Depuis une semaine, les responsables de la chaîne sont désespérés. Les bénéfices chutent.
Dépendance exclusive. Yoshinoya digère mal l'embargo sur le boeuf américain décrété la semaine dernière par Tokyo, après la découverte d'un cas de «vache folle» aux Etats-Unis. La chaîne nippone importe en effet 99 % de son boeuf d'Amérique. Une seule bête malade a suffi à transformer la dépendance exclusive du groupe à l'égard du boeuf américain en piège fatal. «Il faudra du temps avant de regagner la confiance des clients.» Mardi, la chaîne a retiré toutes ses spécialités à base de boeuf. Pas de quoi enrayer la chute de son cours à la Bourse de Tokyo. L'embargo pourrait même conduire Yoshinoya au dépôt de bilan. Son président, Shuji Abe, en a brandi le spectre : «Les derniers stocks de boeuf américain seront épuisés en février. Au-delà, Yoshinoya ne pourra plus poursuivre son activité !»