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Libération
Interview

«L'EPR, une technologie déjà ringarde»

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publié le 8 janvier 2004 à 21h46

Ingénieur et économiste, ancien d'EDF, de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) et du CNRS, Benjamin Dessus préside l'association Global Chance, fondée en 1992 pour décortiquer les problèmes d'environnement «global». Il a surtout été coauteur, avec Jean-Michel Charpin (alors commissaire au plan) et René Pellat (ex-haut-commissaire à l'Energie atomique), d'un rapport incontesté sur l'avenir du nucléaire, commandé en 1999 par Jospin.

L'EPR ne semble convenir à personne, même pas à son client, EDF, qui le trouve trop cher. Qui le pousse alors ?

Le corps des Mines, traditionnellement tout-puissant chez Areva (le fabricant de l'EPR, dont la présidente, Anne Lauvergeon, est issue du corps des Mines, ndlr), et le ministère de l'Industrie. La grosse différence avec la majorité plurielle, c'est qu'aujourd'hui il n'y a même plus de débat interne entre les ministères de l'Industrie et de l'Ecologie.

Vous avez étudié de très près l'avenir du nucléaire, l'EPR est-il indispensable et très vite ?

Quand nous avons publié notre rapport, nous estimions qu'il n'y avait pas besoin de nouvelles centrales avant 2025, voire 2035 si nous tentions de faire des économies d'énergie. A l'époque, cette prévision faisait l'objet d'un consensus. Moi, je pense que l'EPR est une très mauvaise opération, y compris pour les pronucléaires. Il utilise une vieille technologie et ne répond ni aux questions de sécurité ni à celles des déchets. Le problème, c'est que, le temps de le fabriqu