Semaria Ojha Patti (Etat du Bihar), de notre envoyé spécial.
«L'eau dans la plupart des puits n'est pas potable dans ce village, avertit le message peint à la main sur le mur en terre. Veuillez svp boire l'eau des pompes peintes en vert.» A dix mètres de là, Sunil, 10 ans, s'agite sur la pompe peinte en rouge qui est installée devant chez lui. «Je bois cette eau depuis ma naissance, et je suis en pleine forme», sourie-t-il en portant à ses lèvres le petit bol en cuivre qu'il vient de remplir. D'un revers de la main, il s'essuie les lèvres, sous le regard amusé de son père. «Nous buvons tous l'eau de cette pompe, explique celui-ci en désignant sa femme et ses quatre enfants. Il paraît que c'est dangereux, mais les autres puits sont trop loin. Et notre eau a bien meilleur goût !» Au bout de quelques minutes, l'homme appelle son fils aîné, Manu. Son visage s'assombrit. «Vous savez ce que c'est ?», interroge-t-il en montrant les tâches qui recouvrent la nuque de l'adolescent. Il explique que sa fille, aussi, est «un peu malade». «Des douleurs à l'estomac et dans les articulations», dit-il. De fil en aiguille, il révèle que sa femme a quelques problèmes de santé. Elle a notamment fait plusieurs fausses couches.
Pas d'autopsies. Derrière toutes ces maladies se cache l'arsenic, présent de manière naturelle dans la nappe phréatique d'où la famille puise son eau. Testés l'an dernier par les experts de la School for Environmental Studies (SES), plus de la moitié des puits de Semaria Ojh