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Libération
Interview

«Le sida et la grippe sont plus redoutables»

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publié le 16 janvier 2004 à 22h04

Jean-Claude Gonzales pilote l'unité virologie des maladies émergentes de l'Institut de recherche pour le développement (IRD) à laquelle appartient Eric Leroy, principal auteur de l'article publié aujourd'hui dans Science. Basé en Thaïlande, Jean-Claude Gonzales a figuré parmi les pionniers de la surveillance d'Ebola en Afrique.

Les épidémies d'Ebola semblaient procéder d'une seule souche virale. Il apparaît à présent qu'au moins onze souches du virus circulent dans la forêt d'Afrique centrale. Cette découverte complique-t-elle la lutte contre Ebola ?

Elle rassure plutôt. Elle dévoile, via une analyse génétique, la biodiversité du virus Ebola. Or, il est probable que cette diversité génétique ­ que l'on n'a pas fini d'explorer ­ recouvre une diversité de degrés de pathogénicité. On peut s'attendre à trouver des souches moins pathogènes ou pas pathogènes pour l'homme, notamment en étudiant les survivants, plus au moins nombreux lors de chaque épidémie. Cela nous donnera des pistes pour l'identification de souches non pathogènes, utilisables pour des vaccins et pour l'exploration de thérapies.

Quelle est la grande inconnue, à présent, de ce virus ?

L'identification de son réservoir, c'est-à-dire de l'hôte chez lequel il se réplique, sans le rendre malade. Tous les virus ont un réservoir car ils ne peuvent se multiplier que dans un organisme vivant. Or quand on connaît le réservoir ­ un moustique, un rongeur ­, on peut faire de la prévention en luttant contre cette espèce.

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