La Guyane, vue de métropole, c'est avant tout Kourou, le centre spatial, Ariane et la très haute technologie. Mais dans ce département d'outre-mer grand comme le Portugal, épinglé sur l'Amérique du Sud, à plus de 7 000 kilomètres de la métropole, l'eldorado français voisine avec la pire des jungles. Début janvier, plusieurs associations écologistes guyanaises, révoltées par «l'évolution dramatique de l'orpaillage clandestin», s'interrogeaient : «L'Etat se donne-t-il les moyens de faire respecter la loi en Guyane ?» Relayées à Paris par l'UICN (Union mondiale pour la nature), elles clamaient, dans un communiqué commun, leur ras-le-bol face à une situation qui met en péril l'environnement et la santé des habitants. «L'exploitation illicite de l'or atteint des proportions qui dépassent l'imaginable. Le mois dernier, l'ONF (Office national des forêts) a repéré 12 chantiers illégaux dans la réserve des Nouragues, la plus grande réserve naturelle avec 10 000 hectares !», raconte Benoît de Thoisy, coordinateur scientifique de l'association Kwata. Aujourd'hui, selon l'ONF, il y a entre 800 et 1 000 chantiers d'orpaillage en Guyane, dont 86 % d'illégaux (1). Même «les cours d'eau proches des villes sont touchés par le phénomène au vu et au su de tout le monde», a ajouté Juliana Rimane, députée de Guyane, dans une lettre au ministère de l'Outre-Mer, le 15 janvier.
La forêt équatoriale, qui constitue 95 % du territoire, est «radicalement détruite» par le passage des chercheurs d'or, con