Nairobi de notre correspondant
La pandémie de sida en Afrique est gravissime, mais jusqu'à quel point ? Les données épidémiologiques, avec des taux de prévalence (1) pouvant atteindre 20 %, sont-elles exagérées ? Le débat est vif. Il s'est renforcé ce mois-ci avec la publication à la baisse du nombre de séropositifs au Kenya, un des pays fortement affectés.
Selon les estimations du dernier recensement, 6,7 % de la population est porteuse du virus VIH, soit environ 1,5 million de Kényans. Avec des taux de 4,5 % pour les hommes et 8,7 % pour les femmes. Jusqu'à présent, le gouvernement se fondait sur une prévalence de 9,4 %, chiffre établi par l'Onusida, l'agence spécialisée de l'ONU. Dans son rapport annuel publié fin 2003, Médecins sans frontières (MSF) estimait, pour sa part, que 13 % des Kényans étaient infectés.
«Lépreux moral». Les statistiques à la baisse au Kenya relancent la polémique engagée depuis trois ans par l'écrivain sud-africain Rian Malan. Il affirme que les chiffres officiels du sida en Afrique sont très exagérés. Et souvent de façon délibérée, par les scientifiques et les activistes, pour recevoir davantage de fonds des donateurs. «En Afrique, les seules bonnes nouvelles concernant le sida sont les mauvaises, accusait Malan en décembre dans le journal britannique Spectator. Et tous ceux qui disent le contraire sont qualifiés de lépreux moral, cherchant à créer la confusion.»
«L'estimation à la baisse du nombre de séropositifs au Kenya pose le problème de la mét