Sciences-Po a crié «Au loup». Le vénérable institut de sciences politiques organisait mardi soir un débat sur ce prédateur qui sème la discorde là où il plante ses crocs. Et qui rameute depuis des années, au-delà des éleveurs concernés, les mondes écologiste, politique et scientifique.
Complètement disparu du paysage à la fin des années 30, le loup est réapparu en 1992. Et le gouvernement français est bien embarrassé, contraint de respecter ses engagements internationaux la convention de Berne et la directive habitats qui protègent les loups. Et de ménager les éleveurs qui perdent leurs moutons (570 attaques en 2002). Une commission parlementaire a rendu en mai un rapport qui pointe «l'extrême complexité du dossier» et le «caractère passionnel du débat» ! Autrefois, en France, un paysan qui abattait un loup était fêté en héros. Le 8 janvier, un éleveur a été condamné à une peine d'amende avec sursis de 2000 euros pour avoir mortellement piégé un loup : il estimait avoir perdu 80 brebis au cours de trois attaques. Pour les éleveurs, la pression est forte. Même si le loup ne représente que 1 % de la mortalité chez les troupeaux, les spécialistes ne nient pas les traumatismes.
Imprévisible. Pierre Migot, responsable d'un centre de recherche sur les prédateurs à l'office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) surveille notamment les populations des grands prédateurs comme le loup, le lynx et l'ours. D'après les études menées sur huit départements avec notamment 4