L'Afrique australe est la région du monde la plus touchée par le virus du sida. Et l'une de celles où les tabous sur la maladie sont les plus prégnants. En Afrique du Sud, il a fallu qu'une personnalité de l'envergure d'un Nelson Mandela, le premier président de l'après-apartheid, monte au créneau en faveur de la distribution de médicaments antirétroviraux (ARV) pour susciter une prise de conscience nationale. Au Malawi, c'est un chef d'Etat en activité qui a décidé de se lancer personnellement dans la lutte contre la pandémie. Dans son pays, qui compte près de 15 % de séropositifs, 70 000 personnes (sur 11,2 millions d'habitants) meurent chaque année du sida.
La semaine dernière, Bakili Muluzi a déclaré publiquement que son «propre frère» était mort du sida voici trois ans. Le président du Malawi, qui achève un second mandat à la tête de ce petit pays coincé entre le Mozambique, la Tanzanie et la Zambie, a décidé de parler de cet épisode personnel douloureux afin, dit-il, de «changer les comportements, de briser le silence et de susciter un débat ouvert sur le sexe et le sida». Les déclarations du chef de l'Etat ont été favorablement accueillies par les organisations humanitaires engagées dans la lutte contre la pandémie : «Ce discours va aider à lutter contre la stigmatisation dont sont victimes les malades, affirme un expert. Le président a voulu montrer que personne n'était épargné et que toutes les classes sociales étaient touchées.»
«Fardeau». Au Malawi, le sida reste un