Avis de dépression. Les acteurs du développement s'accrochent sur la sonnette d'alarme. Mais le train-train de l'égoïsme planétaire poursuit sa route. Tour à tour, les deux plus grandes agences chargées du développement viennent d'avouer leur pessimisme. Mark Malloch Brown, administrateur du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), blâmait, lundi dans Libération, le manque de volonté politique. James Wolfensohn, le président de la Banque mondiale (BM), ne dit pas autre chose. Il en appelle aux «leaders politiques des pays riches qui doivent comprendre que sans changement, ils ne vivront pas tranquilles. Que la paix sera impossible.»
Fracture. En marge de la rencontre de la BM avec des parlementaires à Paris (lire ci-contre), Wolfensohn n'a pas caché son ras-le-bol devant la politique «à courte vue» des gouvernements. «Ils raisonnent toujours en préoccupations nationales. Mais ce temps-là est révolu ! Le drame, c'est que vous pouvez être sûr que pas un mot ne sera dit sur la lutte contre la pauvreté lors des élections américaines. On va parler de l'Irak, de terrorisme, mais personne ne fera le lien avec la pauvreté, l'enjeu premier du siècle.» Le «drame», c'est qu'à Paris, les parlementaires français, si prompts à entonner le couplet de la fracture mondiale de Forum social en conférences internationales, ont brillé par leur absence au Sénat.
L'avenir s'annonce sombre dans un monde où 20 % des habitants trustent 80 % des richesses. Une planète où, rappelle le pr