Jean-Marie Sirvins, apiculteur, est président de l'Union nationale des apiculteurs de France (Unaf), qui mène le combat pour l'interdiction du Gaucho et du Régent. Il réagit à la mise en examen de BASF.
Êtes-vous satisfait de cette mise en examen ?
C'est une première en matière environnementale, le résultat d'une bataille de dix ans. Mais la très grande prudence dans cette affaire est justifiée parce que, si nous nous plantons, il n'y aura plus jamais d'affaire... Le ministère de l'Agriculture restera le «ministère de l'Agrochimie». Il n'a jamais été du côté des apiculteurs. On lui demandait au minimum une neutralité qu'il n'a jamais eue. Même s'il ne s'agissait que d'une maladie, pourquoi ne nous a-t-il pas aidés ? En 1994, on comptait 1,5 million de ruches en France : 500 000 ont disparu. Nous importons aujourd'hui 20 000 à 24 000 tonnes de miel: c'est une absence de bon sens.
Comment expliquez-vous cette attitude ?
Il y a une omniprésence des firmes à toutes les étapes de l'homologation des produits. Quand Yves Schenfeigel, sous-directeur de la Direction générale de l'alimentation, est parti, il a dit qu'il n'y avait aucune transparence vis-à-vis de la société civile, que les décisions se prenaient en connivence avec les firmes de l'agrochimie. Alors que, sur le terrain, des hommes politiques de toutes tendances nous soutiennent, ce sont les intérêts économiques qui l'emportent. Je pense que d'autres mises en examen vont suivre. Lundi, il y aura Bayer. Puis, les firmes vont s