L'Union internationale pour la conservation de la nature a recensé 12 259 espèces menacées. Entre 50 et 70 disparaîtraient chaque jour, selon les Nations unies. Les évaluations chiffrées sont systématiquement au coeur des études sur la biodiversité. Marie-Christine Cormier-Salem est chercheuse dans l'unité «Patrimoine et territoires» de l'Institut de recherche pour le développement. Elle dénonce cette «comptabilité» des espèces qui émeut le grand public.
Vous dénoncez le mythe de la «dégradation de la biodiversité»...
En général, les termes utilisés sont des termes très forts. «Surpêche», «pillage», «déforestation», «désertification»... Sur des échelles de temps très courtes, ces termes expriment une dégradation générale. Pourtant, à long terme, cela fait partie d'un processus inéluctable. Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas d'avancée du désert, par exemple, mais les termes employés dramatisent la sécheresse. Les implications de tels discours ne reposent pas sur des indicateurs scientifiques fiables. On peut seulement avoir des réponses espèce par espèce. Les stocks de morues de mer du Nord ont fortement baissé, par exemple, les requins se raréfient car leurs ailerons sont très appréciés, mais on ne peut pas raisonner sur l'ensemble car on manque d'indicateurs fiables sur la globalité.
Quels pourraient être ces indicateurs?
Difficile à dire, ils varient d'un point de vue à un autre. On sait ce qu'est une espèce rare, une espèce endémique ou clé de voûte, mais il est difficile