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Libération
Interview

«La Maison Blanche a fait détruire certaines données»

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publié le 23 février 2004 à 23h19

Washington de notre correspondant

Sous l'égide de l'Union of Concerned Scientists (USC), une soixantaine de scientifiques américains de haut niveau, dont vingt Prix Nobel, ont publié la semaine dernière une déclaration accusant l'administration Bush de déformer délibérément les analyses scientifiques, au détriment de la santé des Américains. Président de l'USC, Kurt Gottfried, professeur émérite de physique à l'université Cornell (New York), répond à nos questions.

Pouvez-vous donner trois exemples des pratiques que vous dénoncez ?

D'abord, la question du changement de climat. De multiples incidents ont eu lieu, dont le plus grave a été la manière dont a été traitée, au printemps, l'Agence pour la protection de l'environnement (EPA). Le rapport de l'EPA comportait un chapitre pour évaluer l'impact potentiel de l'effet de serre sur l'homme. La Maison Blanche a invité l'Agence à changer le texte de ce chapitre, détruire certaines données scientifiques, laisser tomber la référence à un rapport de l'Académie des sciences américaine (que le Président avait pourtant lui-même commandé !) et le remplacer par celui d'un groupe issu des milieux pétroliers. L'EPA a préféré abandonner l'ensemble du chapitre.

Deuxième exemple : les risques d'empoisonnement liés au plomb dans la peinture. Un comité consultatif, lié au département de la Santé, a donné une estimation du niveau de plomb tolérable dans le sang d'un enfant. Depuis trente ans, les limites sont de plus en plus strictes, et on s'atte