New Delhi, correspondance
L'Inde fait le pari des OGM. Sans complexe. Dans ce pays de plus de un milliard d'habitants en proie à la malnutrition et aux ravages des cultures par les insectes, les interrogations sur les risques liés aux OGM sont loin de susciter autant d'inquiétudes qu'en Europe. Bien au contraire, le gouvernement est ici le plus ardent défenseur des cultures transgéniques, susceptibles selon lui d'améliorer la productivité agricole, de réduire les dépenses en pesticides et d'assurer la souveraineté alimentaire et nutritionnelle du pays. «Nous sommes très ouverts au concept des OGM, explique un responsable gouvernemental. Il ne s'agit pas d'ignorer les risques humains et environnementaux ; mais condamner une technologie sans en prouver scientifiquement les dangers n'a pas de sens. »
Croissance démographique. «En Occident, la population est réduite, les productions sont largement suffisantes et l'alimentation équilibrée, poursuit le chercheur Asis Datta. En Inde, et dans le reste du tiers-monde, c'est loin d'être le cas : les carences nutritionnelles restent la norme, les paysans se ruinent en pesticides et la population ne cesse d'augmenter. Nous ne pouvons pas nous offrir le luxe d'ignorer le potentiel des OGM.» De fait, 47 % des enfants indiens de moins de 5 ans souffrent de malnutrition, et près de 40 % des récoltes sont perdues tous les ans, victimes des maladies et des insectes. Vu sa croissance démographique, l'Inde aujourd'hui proche de l'autosuffisance