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publié le 26 février 2004 à 23h26

Importées de Chine après le VIe siècle, les baguettes non jetables, raffinées, à la forme dite rikyûbashi (du nom du maître de thé Sen no Rikyû), en bois de cyprès du Japon ou en bambou laqué, sont très design : section carrée et épaisse au sommet, pointe effilée à l'autre extrémité. Au Japon, la baguette en bois traditionnelle (o-hashi), lavable en cuisine, relève de l'art de la table. Sa version industrielle jetable, introduite durant l'ère Meiji (1868-1912), qui oblige à l'abattage d'arbres, un peu moins.

Ces baguettes jetables sont néanmoins prisées : «On ne les utilise qu'une fois, c'est plus sûr», assurent les maniaques de l'hygiène, que l'abattage d'arbres ne dérange pas. «L'argument est stupide ! Les restaurants fournissant des baguettes non jetables n'ont pas pour autant moins de clients», renvoient les opposants, qui souhaitent que les baguettes jetables soient fabriquées à partir de bois retraité au Japon. Voire que les baguettes de type také (littéralement «bambou») soient popularisées. Le bambou a l'avantage de repousser vite (en cinq ou six ans), mais a l'inconvénient d'absorber l'eau et l'humidité ­ peu pratique pour la conservation.

Mis sous pression, les fabricants de baguettes jetables limitent la casse en finançant de longs programmes de replantation, comme au Canada. Mais le salut du litige pourrait être ailleurs : dans l'histoire du pays. Jadis, les nobles nippons utilisaient des baguettes en argent. Par esthétisme, et aussi parce que ce métal se ternissai