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Libération

Japon : une polémique à manier avec des baguettes

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publié le 26 février 2004 à 23h26

Tokyo, de notre correspondant.

«Stop à l'usage des baguettes en bois !», lit-on sur la pancarte. On ne peut pas qualifier la scène de manifestation. Car l'individu grelottant qui interpelle les passants avec ce drôle de slogan, devant la gare très fréquentée d'Harajuku, est seul. Des curieux font mine de s'arrêter. Et rient à la lecture d'un message dont ils ne saisissent visiblement pas la portée. Vieille source de débat au Japon...

Depuis des siècles, l'archipel a opté pour l'usage de baguettes en bois, plus courtes que les baguettes chinoises, dont certaines prédécoupées ­ appelées waribashi ­ sont très pratiques pour les bento (boîte-repas) et systématisées en ville dans les lieux de restauration populaire, gargotes, comptoirs à yakitori ou soupes de nouilles chinoises. Alors que la Corée du Sud utilise des baguettes en acier inoxydable et que les paires réutilisables plastifiées ou en laque dominent dans la majeure partie de l'Asie, le Japon maintient ses us et coutumes. Point de rituel. C'est une habitude. En début de repas, les deux tiges de bois jointes sont séparées d'un vif craquement en prononçant le traditionnel «itadakimasu» («Je reçois humblement», le «bon appétit» nippon). Mais la pratique, apparemment anodine, a un coût, ressenti dans des contrées lointaines. Le bois des baguettes jetables nippones provient majoritairement d'arbres abattus à la chaîne dans des forêts d'Asie du Sud-Est, du bloc Pacifique ou d'Amérique du Nord... Ironie, ce sont celles-là mêmes q