La Banque mondiale (BM) s'est-elle pris les pieds dans le tapis qu'elle a tissé ? La voilà une nouvelle fois contrainte à un délicat exercice d'équilibrisme. Le filin sur lequel elle s'aventure s'appelle l'EIR (Extractive Industries Review), une évaluation indépendante sur le secteur extractif (pétrole, charbon, gaz) diligentée en 2001 par le principal bailleur des projets de développement. Objectif du président de la BM, James Wolfensohn : répondre aux critiques des ONG sur les dommages collatéraux de tels mégachantiers atteintes à l'environnement, violations des droits humains. Problème : les conclusions de l'EIR (deux ans de travaux dirigés par Emil Salim, lire ci-contre) ont des allures de boomerang. A l'en croire, la BM devrait ainsi supprimer tout de suite ses financements du charbon et stopper ses investissements de pétrole d'ici à 2008. Recommandations non négociables. A accepter en totalité. Ou à rejeter...
Les ONG, elles, jubilent. Elles viennent de lancer une cyberpétition «Scandales en sous-sol», où elles assurent que «80 % des financements pétroliers de la Banque alimentent... le Nord.» Et la BM se retrouve prise au piège. Elle rendra officiellement son verdict le 21 avril et renverra aux calendes grecques cette étude, symbole de sa nouvelle approche du développement faite de consultations tous azimuts. «Bien sûr, je préférerais bosser avec une industrie propre, confiait le 15 février Wolfensohn, président de la Banque. Mais si on n'investit pas dans le charbon