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Libération
Interview

«Si on poursuit ainsi, il faudra trois planètes»

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publié le 6 mars 2004 à 23h37

Ex-ministre indonésien de l'Environnement, Emil Salim a supervisé la Revue des industries extractives. Entretien.

Pourquoi la Banque mondiale doit-elle cesser de financer des projets pétroliers, gaziers et miniers ?

Le sommet de la Terre de Johannesburg, en 2002, a marqué un tournant. On a enfin dépassé 50 ans de développement conventionnel pour entrer dans l'ère du développement durable. Un développement qui n'est plus uniquement économique, mais basé sur un équilibre nécessaire entre les intérêts économiques, sociaux et environnementaux. Si ce paradigme change, la Banque mondiale (BM), premier acteur du développement, doit elle aussi changer. Après tout, elle n'est pas une banque commerciale, mais d'intérêt général. Et elle milite, comme le dit souvent James Wolfensohn, son président, pour «un meilleur équilibre». C'est d'ailleurs le titre de mon rapport. Il faut mettre du contenu derrière ce beau principe.

Une institution internationale n'a pas à financer, par ailleurs, des énergies fossiles comme le charbon ou le pétrole, dont l'impact sur le réchauffement climatique est largement documenté. Entre la santé, l'éducation, les infrastructures, la Banque a un portfolio énergétique limité. Pourquoi 94 % de ses fonds sont-ils dévolus aux énergies fossiles et 6 % aux énergies renouvelables ? Pourquoi n'appuie-t-elle pas, par exemple, la Grameen Bank (pionnière de la microfinance, ndlr), qui finance des paysans pour l'achat de portables rechargeable au solaire ?

Vos conclusions sont