En Occident, on ne sait plus ce que ces mots signifient : fistule obstétricale. Cette infirmité a disparu. Mais en Asie et en Afrique, elle touche de nombreuses femmes. Des jeunes filles mariées dès 12-13 ans se retrouvent enceintes à la puberté. Leur corps n'est pas prêt. Si l'accouchement est difficile, dure plusieurs jours, sans soins appropriés, le bébé meurt, la mère parfois aussi. Si elle en réchappe, ce n'est pas indemne.
Pour la première fois, le Fonds des Nations unies pour la population (Unfpa) lance une campagne internationale sur la fistule obstétricale (1). Et espère rompre le silence qui entoure le sujet.
Ostracisme.
Lorsque, durant plusieurs jours, la tête de l'enfant comprime les tissus qui séparent la filière génitale de la vessie et parfois du rectum, les tissus se nécrosent et une brèche se forme à leur place : la fistule. La jeune femme devient incontinente. Les urines, parfois les matières fécales, s'écoulent par la cavité vaginale. L'infirmité s'aggrave avec le temps. Au bout de quelques semaines, le mari perd patience et renvoie sa jeune épouse chez ses parents. Qui, parfois, n'ont plus la capacité d'accueillir leur fille. «La vie devient impossible pour ces femmes, elles sont souillées en permanence, elles sentent mauvais et se retrouvent ostracisées. On les met dans une cabane au fond du jardin ou on les chasse... Elles vont se laver la nuit. C'est une infirmité épouvantable», note le Pr Jacques Milliez, gynécologue-obstétricien, membre de l'organisatio