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Libération

Des Indiens dans la peur du bulldozer

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publié le 13 mars 2004 à 23h44

Ils se nomment les Totobiegosodes, littéralement «ceux qui vivent là où il y a des pécaris» (sorte de sangliers), ils sont établis dans le Chaco, une région de forêts broussailleuses entrecoupées de rivières et de marécages qui s'étend du Paraguay à la Bolivie, et font partie des derniers Indiens isolés du sud de l'Amazonie (les Ayoreos). Ils vivent de la chasse à la tortue, au fourmilier ou au pécari, et de la collecte de miel et de fruits sauvages. La semaine dernière, 17 d'entre eux (5 hommes, 7 femmes et 5 enfants) sont sortis volontairement de la forêt pour entrer en contact avec le monde extérieur qu'ils n'avaient jamais vu. A leur tête, deux hommes, Isoi et Injoi, avec un message : «Ne touchez plus à la forêt, nous en avons besoin pour vivre. Arrêtez les bulldozers, ils nous font trop peur. Et laissez-nous accéder à l'eau...»

C'est une ONG paraguayenne, le GAT (Grupo de apoyo a los Totobiegosodes), qui a recueilli leurs premiers témoignages et relayé l'information à Survival International, une autre ONG, spécialisée depuis 1969 dans la défense des peuples indigènes (1). Celle-ci s'est emparée de l'affaire. «C'est une campagne symbolique pour nous qui nous attachons à défendre les droits des gens isolés et vulnérables. Les Indiens Ayoreos, ce sont les derniers des derniers, il faut tout faire pour les préserver», nous déclarait hier Jean-Patrick Razon, le directeur de Survival France. Les Totobiegosodes sortis la semaine dernière de la forêt sont en très bonne santé, ma