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La nature, combien ça coûte ?

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Biodiversité. Donner une valeur économique aux écosystèmes permettrait de dédommager les Etats après une catastrophe.
publié le 17 mars 2004 à 23h47
(mis à jour le 17 mars 2004 à 23h47)

Une jungle équatoriale est lacérée par un oléoduc. Une forêt centrafricaine ne se reconstitue plus à cause d'un abattage intensif. Le pillage des ressources naturelles et la destruction des écosystèmes ne «coûtent» rien si ce n'est la perte de leur exploitation. Aujourd'hui, l'une des pistes envisagées pour protéger la biodiversité est de lui donner une valeur économique. La question a été posée par le Comité national du développement durable (CNDD) et le comité français de l'Union mondiale pour la nature (UICN), à Kuala Lumpur en février (1).

Naufrages. «Il faut reconnaître une valeur symbolique, juridique et fiscale au vivant. C'est l'Etat qui fixe ce qui est important. La biodiversité doit apparaître dans ses comptes. Il faut lui donner un statut national et une valeur constitutionnelle pour la rendre visible», explique Anne-Marie Ducroux, présidente du CNDD. Pour l'instant, la biodiversité n'est prise en compte que lorsque sa destruction entraîne des pertes économiques, par exemple par son impact sur les cultures ou le tourisme. Lors des naufrages de l'Erika et du Prestige, les huîtres ou les plages mazoutées ont été comptabilisées dans les pertes, mais les oiseaux, faute de valeur économique, ont compté pour des plumes.

La situation est parfois paradoxale. Les catastrophes se retrouvent comptabilisées dans le PIB, parce que la reconstruction et la réparation des dégâts génèrent des flux financiers et de la valeur ajoutée. «C'est de ce point de vue que je