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Libération

Maroc: une loi d'épuration dans le désert

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Le contrôle du rejet des eaux usées traîne depuis dix ans.
publié le 20 mars 2004 à 23h51

Fès, envoyée spéciale

Fès, fleuron de l'artisanat d'art marocain ? Certes, mais c'est aussi un spécimen en matière de pollution. Fès se trouve en amont du grand fleuve Sebou, l'un des plus sales ­ sinon le plus sale ­ du Maroc. Il traverse le nord du pays d'est en ouest et reçoit les eaux usées de trois grandes villes : Fès, Meknès et Kenitra. L'agglomération de Fès, qui a explosé en trente ans (700 000 habitants), est une source majeure de pollution. Ses effluents y sont rejetés directement, sans traitement, ainsi que ceux d'industries très polluantes.

Pour l'heure, ce sont les tanneries qui ont retenu l'attention des autorités. Ces industries ont un impact particulièrement sévère sur la qualité de l'eau. Elles déversent une grande quantité de protéines et de graisses, mais aussi des déchets difficilement dégradables, comme les poils hydrolysés et des produits toxiques. Même si une partie du cuir dont on fait sacs et babouches provient des tanneries de la médina (1), la moitié de la production de peaux se fait à Dokkarat, à l'écart de la ville. Dans ces vieilles usines, on utilise des tonnes de chrome, un métal lourd très polluant, pour le tannage des peaux.

Aide internationale. Des kilos de peaux de chèvre sont nettoyés, malaxés dans des foulons en bois et baignés dans du sulfate de chrome. La moitié de la poudre bleue se fixe sur la peau, l'autre moitié aboutit dans le Sebou. Les taux de concentration atteignent parfois les 6 g/l dans l'oued.

Depuis quelques mois, ces eaux us