Menu
Libération

Au Canada, un Inuit ne chasse plus sans ses satellites

Article réservé aux abonnés
Climat. Des cartes sur l'état de la Banquise permettent aux habitants du Nunavut d'éviter les accidents dûs au réchauffement de l'Arctique.
publié le 13 avril 2004 à 0h12

Pond Inlet, Nunavut (Canada), envoyée spéciale.

«Tout est devenu imprévisible, répète Gamailee Kilukishak. Le temps est différent, le réchauffement des températures entre l'hiver et l'été n'est plus progressif, les courants marins, les vents, même les comportements des animaux ont changé. Des accidents comme ceux de 1997 ont davantage de risques de se reproduire.» En juin de cette année-là, l'Inuit de 72 ans s'est retrouvé prisonnier d'un morceau de glace détaché de la Banquise. Avec quinze personnes de la communauté, il a dérivé pendant quatre jours avant d'être secouru à 80 kilomètres des côtes par des hélicoptères envoyés de l'Ontario.

Dans ce village inuit entouré de glaciers et de fjords, isolé à 600 kilomètres au nord du cercle polaire, Gamailee Kilukishak n'est pas le seul à faire état de bouleversements climatiques. «Cet hiver, la baie n'a gelé qu'à la fin janvier, raconte le chasseur David Qamaniq, en désignant le bras de mer qui baigne la communauté et dans lequel est pris un gros iceberg. D'habitude, en décembre, on peut déjà aller y chasser !»

OEil scientifique. Désormais, reconnaissant qu'il est hasardeux de se fier aux seules prédictions de la communauté et souhaitant prévenir de nouveaux incidents de banquise, les habitants de Pond Inlet ont recours à un outil complémentaire : des cartes aériennes du détroit de Lancaster fournies par deux satellites (l'européen Envisat et le canadien Radarsat). Les Inuits, descendants d'un peuple nomade millénaire, observent déso