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Libération

La Chine ne fait plus barrage aux exigences écologistes

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publié le 15 avril 2004 à 0h14

Pékin, de notre correspondant.

De mémoire d'écologiste chinois, c'est une première. La décision du Premier ministre Wen Jiabao, annoncée discrètement, de suspendre la réalisation d'un projet controversé de 13 barrages hydroélectriques dans le sud-ouest de la Chine n'a pas d'équivalent dans ce pays passé maître dans l'art de lancer des défis à la nature. Les plus optimistes se prennent à rêver d'une prise en compte plus grande des questions d'environnement par le pouvoir, à un moment où l'économie chinoise s'emballe.

Le réseau de barrages sur le Nu, un fleuve qui prend sa source dans les montagnes tibétaines et traverse la province méridionale du Yunnan, non loin de la frontière birmane, devait générer plus d'électricité que le barrage géant des Trois Gorges, sur le fleuve Yangtsé. A un moment où le problème de pénurie d'énergie fait figure de priorité nationale, on pouvait s'attendre à ce que les objections des écologistes chinois, une espèce nouvelle et pas encore très influente, restent lettre morte. Comme, justement, à l'époque du lancement des Trois Gorges, qui avait suscité un vaste débat sans pour autant bloquer la construction de l'ouvrage pharaonique en cours d'achèvement.

Objections. Les écologistes ont toutefois bénéficié cette fois d'une écoute bienveillante au sein du pouvoir, et d'un relais dans une partie de la presse, qui s'est fait l'écho de leurs objections. L'Internet, seul lieu d'expression d'une opinion publique naissante, a servi à faire connaître la cause