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Le piratage du «Viagra naturel» des Andes

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Des sociétés américaines ont breveté la maca, cultivée traditionnellement au Pérou et en Bolivie.
par Jérôme TUBIANA, Cuzco (Pérou), envoyé spécial.
publié le 20 avril 2004 à 0h17
(mis à jour le 20 avril 2004 à 0h17)

Personne ne s'attendait à ce que le club de football de Cuzco, l'ancienne capitale des Incas, au Pérou, remporte la coupe d'Amérique du Sud. Quand c'est arrivé, fin 2003, son entraîneur a attribué la victoire, au moins en partie, aux petites capsules avalées chaque jour par ses joueurs. Pas d'EPO mais de la maca, une racine appelée aussi ginseng du Pérou. Cultivée dans les Andes jusqu'à 4 300 mètres, là où même les pommes de terre ne poussent plus, c'est la plante la plus résistante au froid.

Sans doute très répandue à l'époque inca, la maca a peu à peu été délaissée. Il y a dix ans, considérée comme en danger d'extinction, elle était presque inconnue en dehors des Andes centrales du Pérou, où l'on en cultivait moins de 50 hectares.

Convoitises. Aujourd'hui, le pays en compte 2000, et en exporte pour près de 3 millions d'euros. La moitié est vendue au Japon, le reste aux Etats-Unis et en Europe, où la demande ne cesse d'augmenter. Du coup, la Bolivie aussi se remet à en produire. «La maca avait presque disparu en Bolivie, mais nous essayons aujourd'hui de la réintroduire», explique Daniel Liendo, des laboratoires Alcos. Fondée en 1976, cette entreprise bolivienne s'est lancée depuis trois ans dans les médicaments à base de plantes. Et son premier produit est un extrait de maca, vendu en gélules en Bolivie et au Canada. Des pilules qui augmenteraient la libido et la fertilité : c'est la principale qualité attribuée traditionnellement à la maca.

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