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Libération

En Inde, le Coca donne soif aux paysans

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publié le 22 avril 2004 à 0h18

Plachimada (Kerala, Inde), envoyé spécial.

«L'eau pure, l'air pur : notre droit de naissance», dit le petit écriteau à l'entrée de l'usine Coca-Cola. Sous une hutte en paille, une quinzaine d'hommes et de femmes, assommés par la chaleur, montent la garde. «Nous en sommes à notre 705e jour de protestation, explique l'un d'entre eux. Nous nous relayons pour être là en permanence. Nous ne quitterons pas cette cabane tant que l'usine n'aura pas définitivement fermé.» Bienvenue à Plachimada, petit hameau de l'Etat du Kerala, dans le sud de l'Inde, où une poignée de paysans luttent avec acharnement contre la plus connue des multinationales, accusée de piller les eaux souterraines en fabriquant ses célèbres boissons gazeuses. Un «David contre Goliath» version écolo-altermondialiste, dans lequel le plus petit, pour l'instant, l'emporte. Mettant temporairement fin au bras de fer, la haute cour du Kerala a en effet validé début mars la décision du gouvernement local de fermer le site jusqu'à l'arrivée de la mousson, afin de laisser le temps aux nappes phréatiques de se remplir. Estimant que les ressources aquifères étaient une «propriété publique» à laquelle «tous les êtres humains» pouvaient prétendre, ce tribunal avait déjà ordonné à Coca, en décembre, de limiter sa consommation d'eau au minimum, soit l'équivalent de ce que pomperait une exploitation agricole de 15 hectares, la taille du terrain qui abrite l'usine.

«Or bleu». Car, dans cette région autrefois connue comme le «grenier à