Médecin généraliste en région parisienne, Geneviève Barbier est membre du syndicat de la médecine générale et de la commission santé du mouvement altermondialiste Attac. Son livre la Société cancérigène (1) part du constat que la lutte contre les cancers, deuxième cause de mortalité en France, est un échec : 150 000 décès par an et une augmentation de 35 % des cas en vingt ans. Elle interroge les stratégies adoptées. Pourquoi met-on l'accent sur les facteurs individuels comme le tabac au détriment des causes environnementales qui induisent, selon l'OCDE, jusqu'à 20 % des cancers ?
Comment une généraliste en vient-elle à écrire un livre dénonçant la «pensée unique» sur le cancer ?
Le constat, en tant que généraliste, c'est que le discours unique autour du cancer finit par freiner notre pratique, et nous mettre dans une position de totale incohérence. A la faculté, on nous a appris à faire un interrogatoire le terme n'est pas neutre uniquement sur des facteurs individuels. On demande aux patients s'ils fument, boivent ou ont des antécédents familiaux de maladie. Mais personne ne nous a appris à poser des questions sur l'environnement, la profession exercée... Pourtant, on est de plus en plus confronté à ces problèmes. Je vois des intoxications aiguës chez des employés de nettoyage, des allergies chez des personnes qui reviennent d'un week-end à la campagne dans des zones d'épandage de produits phytosanitaires. L'élément déclencheur du livre a été une réunion parlementaire su